Drive my car, voyage initiatique sur les routes du deuil

Adapté de la nouvelle d’Haruki Murakami, « Drive my car » aborde avec subtilité la complexité du deuil et des relations humaines. Une épopée initiatique sur les routes d’Hiroshima qui doit à Ryusuke Hamaguchi le prix du scénario au dernier festival de Cannes. 

Parcours de deuils et ôde à la résilience

Drive my car, véritable drame humain, voit s’entremêler des destins brisés par la perte d’êtres chers. Yusuke Kafuku, metteur en scène de talent, connaît bien le deuil, avec son lot de culpabilité, de manque, de questions sans réponses. Des années auparavant, la mort a frappé les siens, laissant derrière elle une foule de non-dits et de rancoeurs refoulées. Et alors qu’il s’installe près d’Hiroshima pour y monter une pièce – Oncle Vania, de Tchekhov – celui-ci fait la rencontre de Misaki, une jeune orpheline qu’on lui a assignée comme chauffeur. Au fil des trajets, tous deux doivent faire face aux démons de leur passé, et, malgré la douleur et le poids de la culpabilité, faire le deuil de ceux qu’ils ont perdu.

Le pouvoir des mots et des relations humaines

Mêlant japonais, anglais, coréen et langue des signes, Drive my car est un hymne à la poésie, aux échanges humains et au pouvoir des mots. La pièce de Tchekhov, fil rouge du film, fait écho aux peines des protagonistes, comme une voix-off accompagnant leur parcours vers la reconstruction.

Si l’intrigue s’installe très progressivement, entraînant quelques longueurs, le film n’en reste pas moins d’une grande intelligence émotionnelle, cernant à la perfection les liens unissant les personnages, dans leurs souffrances et leurs histoires respectives. Des relations humaines capturées avec brio par la caméra d’Hamaguchi, filmant aussi bien les espaces comme la proximité entre les personnages. Le huits-clos de la voiture, très intimiste, nous permet d’assister à des dialogues et des moments de vie tout en naturel.

Malgré quelques lenteurs, Drive my car est un road-movie sensible et humain qui interroge notre manière de surmonter nos chagrins et de se libérer du passé. 

Clara HUON.

Drive my car, de Ryūsuke Hamaguchi, en salles depuis le 18 août 2021. Durée 2h59.

Crédit photo : Diaphana Distribution.

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