Cendrars et Satie en vadrouille

Les pêcheurs d’étoiles est un roman de Jean-Paul Delfino où Blaise Cendrars et Erik Satie se rencontrent et se lancent dans un périple d’une nuit, explorant Paris et multipliant les aventures. Burlesque et poétique, ce roman aux allures de conte qui fait d’un poète et d’un musicien des vagabonds nocturnes est une lecture très sympathique.

Il faut dire que Blaise Cendrars et Erik Satie ont vraiment une allure de personnages de romans ; cependant, on ne les imaginait guère vadrouiller ensemble : Cendrars, au bras perdu à la guerre, le visage bourru, marqué par la vie ; et Satie, dandy timide et frêle au chapeau melon et au parapluie.

Mais ce sont de ces écarts que naissent les images les plus poétiques : durant leur voyage d’une nuit dans les confins les plus étranges de Paris, chacun va apprendre de l’autre. Si Satie poursuit de bout en bout le fantôme d’une femme aimée, ce n’est bientôt plus qu’un prétexte à plus d’aventures, mode d’existence auquel l’a initié son nouvel ami Cendrars. Ce dernier, d’abord indifférent à ce que l’exécrable Cocteau lui ait volé une pièce qu’il avait écrite pour Satie, viendra finalement chercher la bagarre accompagné d’un cortège de gitans et d’une girafe.

Les situations invraisemblables s’enchaînent, les rencontres aussi, avec des personnages bizarres porteurs de récits qui s’entremêlent, dessinent la carte complexe des rues de la ville lumière devenue fête foraine.

Les pêcheurs d’étoiles ne prétend rien dire des personnalités qu’il met en scène ; c’est simplement le rêve bordélique de quelqu’un qui aime les paumés, les évadés, et qui, en leur imaginant mille échappatoires, trouve le sien, et nous invite au nôtre.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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