Camille Laurens malmène le contrat auteur/lecteur

Publié en 2016, « Celle que vous croyez » de Camille Laurens est un récit sur le mensonge, la passion et l’absurdité du monde virtuel. Des thèmes retranscrits par la narration ambiguë qui perd le lecteur entre aveu, fiction, et délire.

Le roman est composé en deux parties : la première s’intitule « Va mourir », et est elle-même divisée en deux parties ; un entretien entre le personnage principal, Claire, et un certain docteur Marc. B ; puis le compte rendu du docteur sur cet entretien. La deuxième grande partie, « Une Histoire Personnelle », est un « brouillon de lettre à Louis O ».

L’histoire est donc celle de Claire, qui tente de reconquérir son amant Jo par le biais d’un compte Facebook par lequel elle se crée une fausse identité.

Claire Antunès, jeune et belle jeune fille. Elle se rapproche via Facebook d’un ami de Jo, Chris ; ainsi commence une longue relation virtuelle qui deviendra passionnée. Claire tombe amoureuse de KissChris, tandis que Chris tombe amoureux de Claire Antunès. Ne se sentant pas capable de révéler sa vraie identité, cette relation toujours contrainte finira par un drame qui mènera Claire en soins psychiatriques, où, en guise de thérapie, elle réécrit son histoire avec une fin heureuse.

Ce roman dénonce la souffrance de vieillir en tant que femme et de ne plus avoir droit au désir, ce qui mène Claire à devenir son propre mensonge. Mais au-delà de ces considérations sur la violence des hommes et la dangerosité des relations virtuelles, cet ouvrage propose une réflexion troublante sur la narration : entre la mise en abîme de l’écriture du roman, les différentes versions de l’histoire proposée par Camille, le docteur et un possible narrateur/auteur, le lecteur ne sait plus que croire, parce qu’il n’y a rien à croire : tout est récit.

Le roman, comme Claire, existe sur plusieurs plans de réalité.

Texte et illustration : Charlie PLES.

Celle que vous croyez (Gallimard/2016. 192 pages).

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