Publiée aux Etats-Unis de 1995 à 2005, Black Hole de Charles Burns est une BD franchement dérangeante et qui ne laisse pas intact, mais d’un travail remarquable tant dans le fond que dans la forme.
Un récit hanté par l’épidémie du SIDA
L’histoire se déroule parmi la jeunesse des Etats-Unis dans les années 1980. Elle suit plusieurs étudiants, notamment Keith et Chris, qui semblent d’abord liés mais qui vont finalement suivre chacun leur voie. La particularité de ce récit est d’être hanté par la présence d’une MST que les jeunes surnomment « la crève », et qui entraînent d’horribles mutations physiques.
On comprend bien vite où l’auteur veut en venir : il s’agit d’une métaphore filée de la jeunesse américaine ravagée par le sida, et dont les malades deviennent des parias de la société. Mais Charles Burns va plus loin que cette simple dimension sociale ; ses personnages sont complexes, animés par des désirs, des peurs, des angoisses. Il montre une jeunesse tourmentée assaillie de questions dont la maladie n’est que le déclencheur.
L’ambiance dérangeante intensifiée par les illustrations de Burns
En plus de cette ambiance oppressante de solitude, d’horreur et de tristesse, le graphisme de Charles Burns accentue le ton mélancolique et terrifiant de la BD, avec des visages aux expressions parfois grotesques, un encrage très monochrome et très sombre, et un trait acéré, net, brutal.
Enfin, le récit est articulé par tout un système de symboles, qui participe aussi à l’ambiance globale de cette bande dessinée qui laisse un sentiment de vertige profond et perturbant. A lire, donc, mais en sachant dans quoi on met les pieds.
Texte et illustration : Charlie Plès.