Bérénice : un héros de la Rome antique face à un dilemme

Jouée pour la première fois en 1670, l’œuvre de Jean Racine reprend le triangle amoureux entre Titus, nouvel empereur de Rome, Bérénice, reine de Palestine, et Antiochus, roi de Comagène. Cette création en cinq actes s’inscrit dans la tradition des pièces tragiques raciniennes.

L’intrigue est simple. Bérénice aime Titus et Titus aime Bérénice. Cependant, le père de Titus vient de mourir et celui-ci hérite de l’empire romain : cette fonction d’empereur l’empêche de prendre pour épouse une femme qui ne serait pas romaine. Il doit donc la repousser dans les bras d’Antiochus.
Ce dernier est amoureux de Bérénice et souffre de l’absence de réciprocité.

Cette œuvre majeure de Racine aurait pour origine une histoire vécue par Louis XIV avec Marie Mancini. Le monarque aurait été obligé de rejeter cette dernière pour se marier avec l’Infante d’Espagne, Marie-Thérèse d’Autriche. Cependant, rien n’est moins sûr : l’histoire de Bérénice et de Titus est très répandue dans la littérature du XVIIe siècle. Elle a par exemple été interprétée par Corneille dans une pièce intitulée Tite et Bérénice (1670).

L’histoire de Titus et Bérénice est un thème récurrent de la littérature du XVIIe siècle

Le dilemme moral qu’éprouve Titus, partagé entre sa passion amoureuse et ses responsabilités politiques, rend cette pièce fascinante. L’homme est broyé par une fonction qu’il désirait, mais à laquelle il n’était pas préparé.

Racine signe finalement le portrait d’un ambitieux qui doit payer le prix fort pour obtenir ce qu’il veut vraiment : le titre d’empereur de Rome. Bérénice et Antiochus ne sont finalement que des dégâts collatéraux causés par cette ambition.

Bérénice de Racine, 1506 alexandrins (107 pages), aux éditions Folio théâtre.

Texte et image de couverture : Mathis POUPELIN.

 

 

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