Benedetta : cocktail de sexe, de blasphème et de perversité

Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes, le nouveau film de Paul Verhoeven ne laisse pas indifférent. Benedetta est bien plus que l’histoire d’une passion lesbienne dans un couvent au 17ème siècle, grâce à sa profondeur et sa radicalité, malgré un côté tape à l’œil. 

Benedetta est-elle une sainte ou une dangereuse manipulatrice ?

Dans l’Italie du 17ème siècle, Benedetta est persuadée depuis sa plus tendre enfance d’entretenir un lien particulier avec Jésus. Encore petite fille, elle décide de se retirer dans un couvent pour devenir l’épouse de Dieu en menant une vie ascétique. Au cours de cette retraite spirituelle, elle est persuadée de faire des miracles et a sans cesse des visions mystiques du Christ teintées d’érotisme. Est-elle une sainte ou une dangereuse manipulatrice ? La venue d’une jeune femme dans ce couvent austère va faire remonter son désir lesbien jusqu’ici refoulé. Mais si cet amour saphique est découvert, Benedetta risque l’opprobre et le bûcher.

Verhoeven assume de réaliser une œuvre parfois excessive et tape à l’œil

Dans ce film ample, mais peut-être un peu trop long, Paul Verhoeven nous livre un feuilletage d’intrigues qui continuent de creuser ses obsessions cinématographiques comme la religion, le corps et la souffrance masochiste. Les enjeux scénaristiques se brouillent un peu au milieu du film et perdent en intensité. De plus, les multiples visions de Benedetta, avec leurs lots de têtes tranchées et d’allégories sexuelles, peuvent vite lasser le spectateur.
Verhoeven assume de réaliser une œuvre parfois excessive et tape à l’œil tout en nous donnant à voir des personnages complexes et subtiles. Comme Benedetta qui oscille entre libido décuplée et ascèse, bonté et perversité, le film se dédouble sans cesse dans ses registres et tonalités. Entre le drame et l’effroi, le grotesque n’est jamais loin comme lorsque la statuette de la Sainte Vierge est utilisée comme un sex toy. « Oh my god », le vice atteint ces âmes pourtant pieuses, même celle de la mère supérieure du couvent animée par des desseins purement mercantiles.

Quelques faiblesses compensées par l’ambition du film et sa justesse d’écriture

Superbement interprété (mention spéciale à Virginie Efira et Charlotte Rampling), Benedetta compense ses quelques faiblesses par son ambition et sa justesse d’écriture. Parti bredouille il y a cinq ans de Cannes malgré l’excellent Elle, espérons que Paul Verhoeven puisse réparer cette injustice grâce à ce film baroque et profond.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU. 

Benedetta de Paul Verhoeven, en salles depuis le 9 juillet 2021 (2h06). Film interdit aux moins de 12 ans.

 

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