Armageddon Time : une dénonciation maladroite du racisme

En salle depuis le 9 novembre 2022, Armageddon Time de James Grey divise son public. Certains crient au génie, d’autres s’attardent sur la maladresse et le manque d’aboutissement du film. Vitav revient sur le huitième long-métrage du réalisateur d’Ad Astra (2019) qui s’inspire de sa propre enfance.  

Armageddon Time est avant tout l’histoire d’une famille dans l’Amérique des années 80, les Graff. Descendants d’immigrés ukrainiens arrivés aux Etats-Unis au début du XXe siècle, ils souhaitent que leurs enfants réussissent et se détachent du statut de réfugiés qui leur a longtemps porté préjudice. Leur benjamin, Paul, souhaite devenir artiste, un rêve qui n’a pas sa place dans ces espoirs d’ascension sociale. Le long-métrage conte également l’amitié entre un garçon blanc (Paul) et un jeune noir (Johnny) aux Etats Unis, dans les années 1980, alors qu’il règne un climat de racisme normalisé. Écrasés par la pression familiale et sociale, ces deux garçons voient très tôt leurs rêves bousculés par les attentes ou préjugés des autres.

Un casting d’exception, une esthétique irréprochable

Le long-métrage présente un casting d’exception : Anne Hathaway, Anthony Hopkins et Jessica Chastain partagent l’affiche du film. Son esthétique est en tout point irréprochable : la photographie, les costumes et la bande originale transportent instantanément le public dans les Etats-Unis des années 1980.

Les personnages sont attachants et offrent chacun une très intéressante complexité. Pourtant, le manque global d’exploitation de ces protagonistes laisse un certain sentiment de frustration. Armageddon Time présente notamment une relation touchante entre Paul et son grand-père, qui aurait cependant mérité d’être plus approfondie, laissant ici un public plutôt distant.

Bien que le racisme soit le sujet central de ce film, le thème est abordé de manière trop superficielle et parfois maladroite. James Grey ne propose dans son récit qu’un seul personnage racisé, Johnny, interprété par Jaylin Webb, et le tient au second plan sans permettre au spectateur de s’approprier les difficultés familiales et scolaires qu’il traverse.

 

Malgré un goût d’inachevé et quelques maladresses, l’immersion réaliste dans les années 80 sur fond de racisme présentée par ce film, demeure très intéressante et ô combien d’actualité.

Yuna PERRIERE.

Armageddon Time est en salle depuis le 9 novembre 2022. Durée : 1h55.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *