Amélie Nothomb offre un tombeau littéraire à son père

Premier sang est le trentième roman d’Amélie Nothomb. Véritable hommage à son père disparu en mars 2020, ce texte s’impose comme l’un des meilleurs de cette autrice prolifique. Elle sera présente lors du prochain salon Faites Lire, le week-end du 9 et 10 octobre, au Mans (Sarthe).

Premier sang se lit comme un conte loufoque et drôle

Toutes les rentrées littéraires depuis 1992 riment avec la publication du nouveau roman d’Amélie Nothomb. On peut parfois se lasser de ses novellas cruelles et bien ficelées, mais parfois oubliables. Ce n’est pas le cas de Premier sang qui marque l’esprit des lecteurs grâce à son humour mêlé de tendresse.

L’incipit s’ouvre sur le jeune consul Patrick qui fait face à un peloton d’exécution à Stanleyville, au Congo en 1964. Il voit l’ensemble de sa vie défiler sous ses yeux. Ce n’est qu’au chapitre suivant qu’on comprend qu’Amélie Nothomb écrit du point de vue de son père. Mais elle ne choisit pas de lui rendre hommage avec une collection de souvenirs arrosée d’une louche de pathos. Premier sang se lit comme un conte loufoque et drôle, notamment dans le récit des premiers émois amoureux de Patrick. Le récit met aussi en lumière une bourgeoisie désargentée et ridicule qui s’accroche aux conventions sociales et refuse les mésalliances.

Une pièce maîtresse dans l’oeuvre de l’autrice belge

Amélie Nothomb n’a pas pu assister aux funérailles de son pèrePremier sang est donc une sorte de tombeau littéraire qui lui redonne vie : « Il ne faut pas sous-estimer la rage de survire ». Grâce à son émotion et sa justesse, ce trentième livre constitue une pièce maîtresse de son oeuvre, comme le sont Stupeur et tremblements ou encore Métaphysique des tubes. La romancière belge n’est pas qu’un simple produit marketing qui vend chaque année beaucoup de livres. Certes, elle écrit peut-être trop, mais c’est une autrice talentueuse que l’intelligentsia littéraire ne devrait pas mépriser.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU (texte et photos).

« Premier sang », Albin Michel, (160 pages).

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