Suzane : « Je fonctionne beaucoup à l’instinct »

Après avoir fait sensation sur les festivals en 2019, la jeune artiste confirme avec Toï Toï, un premier disque percutant dans lequel elle aborde des thèmes sociétaux et humanistes sur des sonorités électroniques. Entretien.

Vous êtes nommées aux Victoires de la musique 2020 (catégorie Révélation scène). Comment appréhendez-vous ce rendez-vous ?
Je suis impressionnée de me retrouver sur cette cérémonie, je m’apprête à vivre un grand moment. Je travaille au max pour arriver à faire passer le message en chanson. Je ressens beaucoup d’envie, mais il y a aussi de l’appréhension. J’espère que ce trac va me transcender le jour J. Cette nomination est une belle reconnaissance.

Dans Toï Toï, votre premier opus, vous prenez un malin plaisir brouiller les pistes. Il est impossible de vous coller une étiquette.
C’est un compliment d’être inclassable. Ce projet est à mon image, spontané. Mon instinct m’a amené sur le bon chemin. Mes rencontres avec Chad Boccara, mon producteur, et le réalisateur Valentin Marceau, ont été déterminantes. Nous avons pris notre temps. Depuis le début, mes envies ont toujours été respectées. On m’a pris comme j’étais en me donnant les moyens d’aller au bout de mes idées. C’est un grand luxe lorsqu’on démarre.

Crise écologique, harcèlement de rue, homophobie, sexisme : vous abordez des sujets sensibles et graves sur des mélodies souvent dynamiques et entraînantes.
Je raconte le quotidien. Ma façon d’écrire est un peu brute et frontale, car ce quotidien peut être rude. Le fait d’intégrer de la musique électro et des rythmes dansants est une façon d’inviter les gens à lâcher prise.

Votre chanson P’tit gars évoque la difficulté de faire son coming-out.
Ce sujet me touche particulièrement. J’ai la chance d’avoir une famille ouverte et bienveillante, je n’ai donc pas vécu le film de cette manière, contrairement à certains copains. J’ai entendu beaucoup de témoignages de jeunes homosexuels, notamment soutenus par l’association Le Refuge, qui ont été rejetés par leurs proches et se sont retrouvés à la rue. J’avais à cœur de montrer à quel point ce rejet peut être destructeur et violent. J’espère que ce texte permettra à ce P’tit gars de se sentir moins seul.

La danse est très présente dans votre univers. Cette discipline est indissociable de votre projet artistique ?
La danse est entrée très tôt dans ma vie, le corps a été mon premier instrument. J’ai passé dix ans au Conservatoire. J’y ai beaucoup appris, mais la routine et les exigences du classique ont fini par m’user. Mais je tenais à ce que la danse soit au cœur de mon projet. Les mouvements de corps et les mots sont liés.

Vous avez été l’artiste la plus programmée sur les festivals en France en 2019, sans avoir sorti votre album. Comment l’expliquez-vous ?
J’ai eu la chance d’être bien entourée par un super label et un tourneur au top. Mon premier concert a eu lieu à Montréal il y a deux ans. Pour ma deuxième date, j’assurais la première partie de Feder. Tout s’est rapidement enchaîné. Les programmateurs étaient intrigués par mon projet, mais ils m’ont fait confiance. J’ai beaucoup travaillé pour défendre mes chansons en public. La scène reste mon leitmotiv.

Le succès de Toï Toï dû faire naître des collaborations ?
Oui, des artistes commencent à se pencher sur mon travail. Je suis très ouverte aux collaborations que ce soit pour des duos ou pour écrire pour d’autres.

Propos recueillis par Jaheli NAMAI.
Crédit photos : Liswaya.

Suzane en concert au Mans en novembre 2020 au Bebop Festival. Toï Toï de Suzane (3e Bureau/Wagram/14 titres). Facebook : suzanemusique

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