Wittgenstein contre Hitler : un duel de l’ombre

Et si le plus ignoble des massacres du XXème siècle avait pour origine une simple querelle de collégiens ? C’est à partir de cette hypothèse pour le moins cavalière que travaille le philosophe Kimberley Cornish dans son enquête Wittgenstein contre Hitler, le Juif de Linz , publiée en 1998.

Dans la première partie de son ouvrage, Cornish constate que Hitler et Wittgenstein se sont fréquentés à la Realshule de Linz, accumulant les éléments qui suggèrent que le fameux « Juif de Linz » dont parle Hitler dans Mein Kampf pourrait être le philosophe Ludwig Wittgenstein. Déroulant les conséquences, Cornish suppose que Wittgenstein a pu, plus tard, devenir le recruteur d’un réseau d’espions soviétiques responsable de la défaite du Fürher.

Le livre propose ensuite une approche philosophique, puis métaphysique du sujet : tous les deux grands lecteurs de Schopenhauer, Wittgenstein et Hitler en auraient conçu un concept de « non-propriété privée » de l’esprit. Si Wittgenstein aborde le sujet de façon logique, Hilter le perçoit comme relevant du mystique (les hauts cadres nazis étant adeptes d’occultisme). Ainsi, une sorte de mythe entre le bien et le mal finit par se dessiner à travers les pages de l’ouvrage de Kimberley Cornish.

Si l’enquête est fascinante, elle est cependant à prendre avec précautions. Kimberley Cornish sait manier ses sources, nombreuses et fiables pour la plupart, mais on repère chez lui une tendance à chercher les coïncidences, une méthode que partage le complotisme.

Cependant Cornish ne prétend pas avoir prouvé la validité de son hypothèse : il constate en revanche toutes les trouvailles étonnantes qu’elle lui a permis.

Texte : Charlie PLÈS.

Wittgenstein contre Hitler, le Juif de Linz par Kimberley Cornish.  Presses Universitaires de France – PUF, 1998, 452 pages. 

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