Gregg Araki est un réalisateur et scénariste américain, né le 17 décembre 1959 à Los Angeles (États-Unis). Peu connu du grand public, son nom passe à la trappe face aux réalisateurs dominant le cinéma des années 2000. Focus sur un cinéaste de talent.
Composé d’œuvres singulières, le travail de Gregg Araki relève du cinéma indépendant américain (un mouvement popularisé, entre autres, par David Lynch, Gus Van Sant et Harmony Korine). C’est en 1989 que le cinéaste se fait repérer dans les festivals internationaux avec son deuxième long métrage, « The Long Weekend, (O’Despair) ». À travers ses productions engagées, le réalisateur s’impose sur la scène cinématographique contemporaine en représentant à l’écran la violence par les addictions, la prostitution et les troubles du comportements alimentaires.
Une recherche constante de liberté et d’émancipation
Araki met en scène une jeunesse enragée qui s’efforce de trouver sa place dans une société dirigée par les adultes. Le fossé entre les deux générations est abordé dans ses films, mais ne constitue pas pour autant le sujet dominant. Les protagonistes, toujours en groupe, cherchent des solutions face à leur malheur et leur solitude. Leur souffrance est essentiellement due à l’homophobie et au manque de confiance en soi.
La thématique de l’adolescence est d’ailleurs brillamment abordée dans « La trilogie de l’apocalypse adolescente », un projet de Greg Araki qui réunit « Totally F***ed Up » (1993), « The Doom Generation » (1995) et « Nowhere » (1997). Au cours de ces films, un groupe d’amis fait des rencontres inattendues puis se font poursuivre par des extraterrestres avant de fuir leur maison et de faire la fête. Tous ces événements se déroulent dans un environnement psychédélique, entre fantastique et réel.
Entre sexualité charnelle et humour noir
« Mysterious Skin » (2004), qui peut être considéré comme la quintessence de la filmographie de Greg Araki, est sans doute son œuvre la plus accessible. Le spectateur suit deux adolescents, Neil McCormick, jeune tombeur qui se prostitue et Brian Lackey. Victime d’un trou de mémoire, ce dernier est persuadé d’avoir été enlevé par des extraterrestres lorsqu’il était enfant. Neil essayera tant bien que mal de se reconstruire malgré un traumatisme et une solitude pesante. Brian, quant à lui, tentera de retrouver Neil pour dénouer cet étrange mystère dont il est victime.
Texte : Adèle CHAUVAUD.
Photo de couverture : Katrina Marcinowski.