Les séminaristes, le nouveau long-métrage d’Ivan Ostrochovsky s’attaque à un sujet révolu mais encore tabou : la collaboration de l’Église catholique au service du régime communiste. Dans la Tchécoslovaquie de 1980, ce parti unique a les pleins pouvoirs depuis maintenant trois décennies. Il impose notamment ses règles gouvernementales au clergé, forcé d’agir contre ses valeurs sous peine de subir des persécutions. L’intrigue se déroule dans une école de théologie, lieu de tension particulièrement intense, où deux séminaristes feront face à un cruel dilemme : se soumettre au musellement ou se ranger du côté de la résistance, quitte à prendre tous les risques pour défendre leurs croyances.
Les Séminaristes s’appuie sur des éléments réels concrets, comme l’organisation Pacem in Terris*, 
mentionnée à plusieurs reprises. L’histoire est notamment inspirée de témoignages d’anciens étudiants séminaristes, dont Vlado Zboron, acteur dans le film, renvoyé en 1980 pour refus de collaboration. Le réalisateur slovaque a utilisé ces informations non dans le but de « reconstituer des histoires vraies, mais d’en faire la base du récit ». En effet, l’œuvre repose sur les émotions transmises plus que sur les faits en eux-mêmes, invitant les plus curieux à se documenter s’ils désirent en savoir plus.
Bien que ce choix puisse rendre la narration un peu confuse, le spectateur reste captivé grâce à l’ambiance immersive, associant le noir et blanc au cadrage 4/3. Cette cinématographie, véritable écho à celle du début du cinéma, nous emmène au cœur de cette époque complexe, jusqu’à nous faire ressentir la peur qui en ont poussé beaucoup à abandonner leurs convictions.
Lilou RICHARD.
Les Séminaristes, sortie nationale le 2 juin 2021. Durée : 1h21.
Au Mans, le film est projeté au cinéma Les Cinéastes. Programme des séances sur le site https://www.les-cineastes.fr/films/les-seminaristes/
*organisation cléricale formée par le gouvernement tchécoslovaque de 1971 à 1989, dans le but de contrôler l’Église.