Pour son premier roman, Christina Dalcher embarque le lecteur dans une sombre dystopie où les femmes sont vouées au mutisme. L’héroïne, Jean, doit alors se battre pour sortir du carcan qui l’emprisonne et de ce rôle que cette société misogyne souhaite lui imposer. Un roman glaçant et engagé.
Dégradation de la condition féminine
Dans un futur proche, aux Etats-Unis, un nouveau président est élu. Ce dernier met rapidement en place un gouvernement puritain avec, à sa tête, le révérend Carl Corbin. Des bracelets sont donnés à chaque femme. Ces derniers sont loin d’être de simples accessoires de mode et Jean McClellan le comprend à ses dépens. Elles n’auront maintenant le droit qu’à 100 mots par jour ; un mot de plus et la douleur prendra possession de leur corps. Les femmes n’auront plus qu’à cœur de satisfaire leur mari et de s’occuper de leur foyer. Alors, lorsque le président propose à Jean, ancienne docteure en neuroscience, une possibilité de se débarrasser de son bracelet, elle y voit une possibilité de libérer ses mots ainsi que ceux de sa fille. Elle découvre alors l’envers du décor et les failles de ce gouvernement qui se veut si stable.
Une dystopie angoissante
Christina Dalcher parvient à plonger les lecteurs dans un univers anxiogène. Ils se plaisent à suivre les réflexions de Jean McClellan qui prend peu à peu de l’assurance et parvient à se rebeller. L’autrice fait d’ailleurs découvrir le passé de l’héroïne et l’arrivée au pouvoir de Carl Corbin. Le lecteur se rend compte de la lente et insidieuse prise de pouvoir d’un gouvernement rétrograde. L’écrivaine alerte sur dangers d’un régime autoritaire. Il est alors nécessaire de s’investir en tant que citoyen en allant voter et manifester pour protéger ses droits. Vox, c’est donc avant tout un roman qui invite les femmes à s’exprimer sans jamais écouter ceux qui disent qu’elles parlent trop. Christina Dalcher parvient à leur faire comprendre qu’elles ont une place dans la société et que personne ne doit la leur retirer. C’est un roman qui a d’autant plus la place dans la bibliothèque des lectrices après la suppression du droit à l’avortement aux Etats-Unis.
Article et photo : Léna LAFONTAINE.
Vox, éditions Pocket, 2020 (448 pages).