Eugène Ionesco, un des grands maîtres du théâtre de l’absurde, jette un regard rétrospectif sur lui-même par le biais d’une critique des doctrines littéraires dans L’Impromptu de l’Alma (1955), une pièce comique et philosophique.
Le lecteur est frappé par l’originalité de cette pièce dès la liste des personnages, où apparaît un certain Ionesco, qui n’est autre que la représentation de l’auteur par l’auteur lui-même ! Il est toujours difficile de résumer une pièce de Ionesco, car il n’est pas renommé pour ses intrigues. Aussi, il semble simplement que Ionesco se fait martyriser par trois savants, Bartholoméus I, II et III, qui tentent de le « délivrer de son ignorance ».
L’absurde est toujours très présent
Les dialogues sont extrêmement comiques, entre un Ionesco effacé, timide et peureux, et les trois Bartholoméus autoritaires et sûr d’eux-mêmes. Cependant, ils ont tendance à se contredire et à se lancer dans des querelles intellectuelles sans queue ni tête pendant que leur « élève » subit leur courroux. Bien sûr, l’absurde est toujours très présent. L’apparition des trois Bartholoméus se fait selon un cercle vicieux : le premier entre dans le bureau de Ionesco et lui réclame d’entendre sa pièce. Le dramaturge commence sa lecture et on comprend qu’il s’agit de la pièce à laquelle nous assistons. Un deuxième savant entre et réclame à son tour la lecture de la pièce, Ionesco s’exécute, et voilà le troisième Bartholoméus qui entre en scène.
Le dramaturge prône la liberté de l’art
Avec beaucoup d’autodérision, de satire et de légèreté, Ionesco fait la critique acerbe des doctrines littéraires qui se prétendent scientifiques. Par leur dogmatisme, elles ridiculisent les vérités potentiellement découvertes. Ionesco prône la liberté de l’art. Aussi, ce n’est pas à l’artiste d’apprendre du théoricien, mais au théoricien d’apprendre de l’artiste.
Texte et illustration : Charlie PLÈS.
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