Nouvelles histoires extraordinaires (1857) est le second recueil d’Edgar Allan Poe établi et traduit par Charles Baudelaire. La pluralité et la diversité des nouvelles en font le livre idéal pour découvrir l’œuvre d’un auteur qui aura marqué durablement la littérature fantastique, gothique et romantique.
Le premier recueil, Histoires extraordinaires, péchait peut-être par son écriture froide, où s’étalent des détails techniques, de la théorie scientifique, qui peuvent rendre difficile voire barbante la lecture au non initié.
La diversité de ton permet de découvrir toutes les facettes d’Edgar Poe
Ce second recueil en revanche est bien plus accessible (si l’on excepte peut-être les quelques dialogues philosophiques qui rappellent la tradition platonicienne). Surtout, la diversité de ton permet de découvrir toutes les facettes d’Edgar Poe, dont on peut ignorer la veine comique qui bat pourtant son plein dans la nouvelle Lionnerie.
Si le thème de la science demeure encore au cœur des préoccupations de Poe (notamment dans « Petite discussion avec une momie »), elle se fait plus discrète et surtout moins crue ; le mystère, le questionnement, remplace les démonstrations du premier recueil.
On a donc droit ici à un fantastique pluriel, de l’histoire de fantôme à celle du double, en passant par le grotesque, le portrait hanté, le gothique… Poe n’a plus peur du gore, et certains de ses revenants sont de véritables visions d’horreur !
L’influence de Poe sur la littérature de l’imaginaire qui l’a suivi est évidente
On trouve dans ce recueil certaines des nouvelles les plus citées de Poe : Le Chat noir, L’homme des foules, Le portrait ovale… Dans certaines d’entre elles, on croirait reconnaître l’univers de certains auteurs qui lui ont succédé. L’ambiance de la nouvelle « La chute de la maison Usher » n’est pas sans rappeler le mystère sourd et indéfini de Lovecraft ; quant à la nouvelle « Le puits et la pendule », elle décrit un dispositif de torture qui peut évoquer celui de « La Colonie pénitentiaire » de Kafka !
Que ces exemples se vérifient ou non, l’influence de Poe sur la littérature de l’imaginaire qui l’a suivi est évidente, en partie grâce à sa popularisation rendue possible par la traduction qu’en a fait Baudelaire, traduction qui est cependant remise en cause aujourd’hui grâce à une nouvelle version plus fidèle au style de Poe aux éditions Phébus.
Texte et illustration : Charlie PLES.