Tomie est un personnage récurrent de Junji Ito, le maître du manga d’horreur, dont l’œuvre parue en 1987 a été rééditée et rassemblée en anthologies chez Mangetsu en 2021; le volume intitulée Tomie répertorie toutes les histoires où apparaissent ce personnage féminin ambigüe et terrifiant.
Tomie est une magnifique jeune femme dont tous les hommes tombent amoureux, si bien qu’elle les asservit à ses fins cruelles. Mais ses pantins finissent toujours par se retourner contre elle, rendus fous par une passion démente, et par l’assassiner avec violence. Cependant, Tomie renaît sans cesse de ses morceaux éparpillés, multipliant ainsi ses clones qui se croient chacun être la Tomie originale, perpétuant le cycle de la folie.
Tomie est bien souvent victime de la passion qu’elle suscite
On ne connaît pas les origines de Tomie ; la première histoire où ce personnage apparaît n’est très probablement qu’une des apparitions de l’entité qui n’a ni terme ni commencement. Cette immortalité dans ses morts multiples participent à l’horreur du personnage, qui subit à plusieurs reprises des transformations ignobles (Junji Ito est très imaginatif en ce qui concerne le body horror). Mais Tomie ne suscite pas seulement notre horreur ; aussi égoïste et cruelle soit-elle, elle est bien souvent victime de la passion qu’elle suscite ; ses actes peuvent parfois apparaître comme une vengeance à l’encontre des hommes, mais dans le cycle d’éternel recommencement dans lequel elle s’inscrit, il est impossible de discerner à qui revient la responsabilité de l’horreur.
Le lecteur bascule entre terreur, fascination, haine et affection
Le lecteur est alors animé des mêmes sentiments à l’égard de Tomie que le sont les hommes qu’elle manipule : terreur et fascination, haine et affection.
Le volume publié par Mangetsu, en regroupant chronologiquement les histoires de Tomie, permet de mettre en valeur la progression du dessinateur, ancien dentiste qui s’est reconverti dans sa passion, pour le plus grand bonheur des fans de frissons et de mangas.
Texte et illustration : Charlie PLES.