The French dispatch est un agréable ovni cinématographique. Wes Anderson signe un film drôle, touchant, à l’esthétique très travaillée et à l’ironie joyeuse, sans oublier son casting de choix (Timothée Chalamet, Léa Seydoux, Bill Murray, Willem Dafoe…).
Wes Anderson s’est lancé un défi et le réussit haut la main
L’une des formes littéraires les plus agréables à lire est le recueil de nouvelles, en particulier lorsqu’il dispose d’une trame globale, d’un fil conducteur qui permet de relier entre eux les multiples récits. The French dispatch est l’équivalent cinématographique du recueil de nouvelles : c’est l’histoire d’un journal et de la relecture des articles par le rédacteur en chef, articles portant sur le village français d’Ennui-sur-Blasé, un nom comique qui traduit le ton du film, entre ironie et mélancolie.
A travers différentes histoires, le spectateur s’interroge sur l’art et sa commercialisation ; sur mai 68 et sa jeunesse dont l’errance lui permet de se trouver ; sur le goût de la vie et le tragique de ne pouvoir jamais tout connaître… The French Dispatch, c’est en quelque sorte un vieil homme plein de contes, qui regrette un temps qui n’a jamais vraiment eu lieu, mais que la magie des histoires rend vrai, mémorable, enclin aux souvenirs regrettés.
L’esthétique du film justifie à elle seule son visionnage : un travail original et méticuleux des cadres, dans un format inhabituel, fixes pour la plupart, permet une approche de l’objet film à laquelle on n’est pas nécessairement habitué ; c’est déroutant et enivrant. De plus, l’oeuvre feint l’hésitation entre français et anglais, entre couleurs et noir et blanc, entre réalisme, merveilleux et dessin animé ; reflet de l’hésitation intrinsèque à la nature de l’article journalistique entre fait et fiction.
Ode au journalisme, contes modernes, expérience cinématographique… Wes Anderson s’est lancé un défi et le réussit haut la main.
The French Dispatch, de Wes Anderson, en salles depuis le 27 octobre 2021. Durée : 1h47.
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