« The Duke », l’activiste de comptoir qui va un peu trop loin

The Duke est basé sur l’histoire vraie de Kempton Bunton. En 1961, le sexagénaire vole un portrait peint par Francisco Goya à la National Gallery de Londres. En échange de la restitution, il réclame la fin de la redevance pour l’audiovisuel public pour les retraités.

Roger Michell, réalisateur de la célèbre comédie romantique avec Julia Roberts et Hugh Grant, Coup de foudre à Notting Hill, signe ici son dernier long-métrage. Le cinéaste est décédé le 22 septembre 2021. Il s’agit donc d’une sortie posthume pour The Duke

Des expérimentations visuelles, entre film et archive, pour un résultat parfois mitigé

Ce biopic possède cette luminosité habituelle, froide, apaisante et conviviale que l’on aime dans le cinéma britannique. Relatant un fait divers largement couvert outre-Manche, nombre d’images d’archives existent. Ici, Roger Michell tente de les intégrer à son œuvre, et même parfois d’intégrer, les protagonistes aux images d’archives. Le tout avec des transitions étranges à bandes horizontales et verticales, qui pourraient rappeler un générique d’émission télé des 60’s. Hormis ces expérimentations visuelles et des touches d’extravagance, The Duke reste simple et efficace.

Un scénario un peu simpliste, léger, mais des personnages attachants

Comme souvent, lorsqu’un long-métrage adapte une histoire vraie, le scénario est léger et sans trop de rebondissement, sauf un léger plot twist*. Ce parti pris marque la volonté du réalisateur de ne pas sortir des faits. Cependant, les personnages sont attachants, particulièrement ceux interprétés par Jim Broadbent et Helen Mirren, ainsi que celui de Fionn Whitehead dans le rôle du fils du couple. Cette comédie dramatique arrive à faire passer un personnage proche de l’oncle un peu réactionnaire pour une personne pleine d’humanité, un être utopiste et empathique. La question de la place de la femme dans la société des années 60 est également abordée. Soumise, elle doit tenir le foyer domestiquement, mais aussi, comme groupe social. Roger Michell réussit un pari difficile, mettre en lumière la femme de l’ombre d’après-guerre et donner une âme à l’activiste du dimanche trop souvent caricaturé, et trop peu humanisé dans la culture populaire.

Enzo HUBERT.

The Duke, réalisé par Roger Michell, en salle depuis mercredi 11 mai 2022. Durée: 1h36.

* plot twist: rebondissement, développement inattendu.

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