Avec The Brutalist, Brady Corbet livre une œuvre d’une ambition rare, s’attaquant à la complexité d’un contexte historique et personnel dense. Porté par Adrien Brody et Felicity Jones, le film retrace le parcours de László Tóth, un architecte hongrois qui tente de se reconstruire aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale.
Une mise en scène remarquable
Là où The Brutalist brille, c’est dans sa mise en scène. Les plans-séquence sont soignés, immersifs, et d’une maîtrise indéniable. Corbet sait composer ses cadres avec un sens pictural impressionnant, certains plans « tableaux » rappelant par moments Conclave. L’image est toujours riche, très travaillée, et la lumière sublime chaque scène avec une intensité dramatique palpable.
Une ambition narrative qui alourdit le récit
Mais si l’esthétique du film est indéniablement réussie, la narration souffre d’un excès d’ambition. The Brutalist ne se contente pas d’être le portrait d’un architecte, il veut aussi explorer la complexité du contexte de l’époque : László est un juif d’Europe de l’Est fuyant un passé traumatisant, confronté à la xénophobie, tentant de faire venir sa famille tout en combattant ses propres démons. Il est aussi marqué par les « drogues de la guerre », ce qui ajoute une autre dimension à son personnage.
L’intention de dépeindre un contexte aussi dense est louable, mais ça ne fonctionne pas vraiment. À vouloir tout dire, le film s’étire. Sur 3h35 (avec un entracte de 15min), The Brutalist choisit de dérouler son intrigue lentement, avec un rythme pesant qui, au lieu d’enrichir la complexité du récit, finit par le diluer. Chaque épreuve que traverse László est longuement explorée, mais la narration, étendue à l’extrême, ne sert pas toujours le propos.
Un titre trompeur ?
Le film s’appelle The Brutalist, et on pourrait s’attendre à une plongée dans l’architecture brutaliste. Pourtant, ce style architectural ne reste qu’un fond, un prétexte pour explorer les difficultés d’un homme plutôt que les enjeux de l’architecture elle-même. Ce long-métrage ne traite pas vraiment des problèmes d’un architecte, mais plutôt de la vie d’un individu qui oscille entre opportunités et échecs dans le contexte d’après-guerre
The Brutalist est un film esthétiquement sublime et ambitieux dans son propos, mais qui souffre d’un rythme étendu qui ne l’aide pas.
Avec 3h30 de projection, on a parfois le temps de se demander quand arrive la prochaine scène, et l’histoire, aussi complexe soit-elle, aurait gagné à être plus concise. Un bel objet cinématographique, mais un film qui peine à captiver jusqu’au bout.
Robin BATARD.
The Brutalist de Brady Corbet, en salle depuis le 12 février 2025. Durée 3H34.