Shakespeare, « joyeux vagabond de la nuit »

Le Songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream, 1595) est une des pièces les plus fantaisistes de l’immense Shakespeare, qui toujours s’amuse avec la passion, le rire et la peur.

Une exploration des frontières entre réalité et imaginaire

            Alors que le classicisme français s’acharnera à séparer la comédie de la tragédie, Shakespeare, d’emblée, préfère mélanger les deux registres pour créer une émotion ambivalente chez le spectateur. Le quatuor amoureux formé par Lysandre, Démétrius, Hermia et Héléna est tragique dans ses querelles et ses souffrances, comique d’autre part par leur caractère obsessionnel et leurs mésententes. De plus, si l’intrigue principale est celle d’une tragédie (les jeunes athéniens fuient l’autorité paternelle qui les condamne à un/une autre), de multiples évènements viennent alléger le ton de la pièce, par l’intermédiaire de Puck, de Bottom et des autres travailleurs qui peinent à monter leur pièce.

            Cette pièce est aussi une exploration des frontières entre réalité et imaginaire : entre les personnages fantastiques qui habitent l’étrange forêt, les maléfices des fées qui sèment la pagaille chez les protagonistes, et la mise en abime produite par la pièce de la troupe de Quince, on peine à comprendre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas : où est la limite du rêve ? Le théâtre est en soi une fiction. Mais Shakespeare montre que « fictif » ne signifie rien, et que le réel n’est rien de plus qu’une succession de couches d’illusions plus ou moins opaques.

            « I am the merry wanderer of the night ! » (Je suis le joyeux vagabond de la nuit !) s’exclame Puck pour se présenter. Un peu comme Shakespeare qui déambule dans son esprit sans se soucier de savoir si ce qu’il voit est une ombre, une fée ou un homme. Dans le noir, tout est rêve.

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

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