En 2023, le journaliste Hanneli Victoire publie son premier roman intitulé Rien à perdre, un texte bouleversant dans lequel il retrace le parcours de son personnage-narrateur aux prises avec sa transidentité dans un style percutant.
L’histoire du personnage-narrateur de Rien à perdre commence par un désir, lors de l’été 2018, de se couper les cheveux afin de rompre avec les diktats de la féminité imposée. À 20 ans cependant, il n’est encore qu’au tout début du chemin qui l’amènera à embrasser son identité d’homme trans.
Si le roman divisé en trois parties raconte de manière chronologique l’histoire du personnage-narrateur depuis que lui est venue l’idée de se couper les cheveux, il fait une analepse pour décrire son enfance dans la campagne vendéenne, puis une autre pour raconter l’évolution de son rapport à son corps.
Ambition, arrogance, bourgeoisie
Le récit illustre l’obsession du personnage-narrateur pour deux transitions : celle du genre et celle de la classe. Il raconte la fascination d’une jeune fille campagnarde à l’égard des filles de cité et de la vie urbaine, et sa détermination à gravir les échelons, par les études et les connaissances (lecture, cinéma…), afin de connaître l’ascension sociale dont elle rêve. À Paris, elle rencontre des amis qui lui ressemblent et qui l’encouragent à s’interroger sur son genre.
Le genre à réinventer
Le roman de Hanneli Victoire décrit les luttes, misères et joies de la communauté LGBTQIA+ parisienne à travers un personnage-narrateur qui tente de l’intégrer malgré sa propre identité longtemps flottante et incertaine. Le récit interroge et déconstruit le genre en vertu de plus de fluidité, et le moment du rejet du désir hétérosexuel imposé auquel le personnage-narrateur parvient est une étape centrale de son parcours, vécu comme une libération.
Deux amours obsessionnels
Les parties II et III du roman sont chacune centrées sur un partenaire amoureux clé dans l’évolution du personnage-narrateur. Avec Eli, il connaît une relation tumultueuse, entre disputes véhémentes et passion dévorante. Plus tard, il s’éprend éperdument de Lou en laissant sa peur de l’abandon régir leurs rapports. Des amours destructeurs dont il retire une leçon : « j’ai toujours su ce que l’amour était, et maintenant, je sais ce que l’amour n’est pas » (Rien à perdre, page 215).
Texte et photos : Alex ALIX.
Hanneli Victoire, Rien à perdre (2023), Stock, 218 pages.