Publié en 2016, l’excellent roman de Gaël Faye (Prix Goncourt des Lycéens) a enfin été adapté au cinéma. La caméra d’Eric Barbier nous plonge plus intensément dans la guerre civile au Rwanda (1994) à travers l’œil d’un innocent d’un petit garçon.
Un enfant témoin de l’absurdité du monde des adultes
Gabriel, le personnage principal de Petit Pays, vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana. Il partage aussi du bon temps avec sa bande de copains. Mais alors que ses parents se déchirent, le petit garçon se retrouve au milieu d’un conflit interethnique qui le dépasse totalement. La performance du jeune acteur Djibril Vancoppenolle est si convaincante que l’on ressent à travers lui toutes les émotions que peut vivre un enfant confronté à ce genre de situation. De la tristesse à l’angoisse en passant par la révolte et le tourment, la relecture cinématographique du best-seller de Gaël Faye nous plonge dans un conflit qui a ébranlé le Rwanda en 1994 et entraîné le génocide des Tutsis par les Hutus.
Le point de vue est d’autant plus intéressant qu’il nous permet une meilleure compréhension de l’absurdité du monde des adultes pour un enfant insouciant. La douceur et l’innocence de Gabriel s’entrechoquent avec la violence et les incohérences de la nature humaine.
Ce drame rappelle également de manière subtile que le racisme n’agit pas à sens unique. Les questions du métissage et de l’exil sont d’autres thèmes abordés avec justesse dans cette adaptation d’Eric Barbier.
En résumé, de par son réalisme, le jeu formidable des comédiens et sa charge émotionnelle, la version ciné de Petit Pays vaut vraiment le déplacement.
En salles depuis le 28 août 2020. Durée : 1h52.
Marie-Elvire ASSALÉ.