Perfect Blue : le premier film d’un cinéaste visionnaire

Satoshi Kon est un célèbre mangaka et réalisateur japonais né en 1963. Son travail remarquable dans l’animation, inachevé par son décès brutal à 46 ans, reste néanmoins l’une des œuvres majeures du 7e art nippon. Zoom sur son premier film, Perfect Blue, qui confirme le génie du cinéaste dès ses débuts.

L’intrigue de Perfect Blue est inspirée du thriller « Perfect Blue : Métamorphose d’une idole », écrit par Yoshikazu Takeuchi en 1991. Mima, chanteuse d’un girl’s band de J-pop au sommet de la gloire, abandonne son rôle d’icône adulée pour se lancer dans une carrière d’actrice. Une décision que ses fans déplorent, et qui engendre de lourdes conséquences sur sa vie privée. Elle devient la cible de menaces et de messages haineux, est traquée par un étrange admirateur, tandis que de troublantes hallucinations se multiplient autour d’elle, jusqu’à perturber sa propre perception de la réalité.

Les événements prennent par la suite un tour bien plus sombre lorsque des membres de son entourage sont retrouvés, un à un, brutalement assassinés. Au cœur de cette spirale paranoïaque, Mima tente désespérément de reprendre le contrôle de sa vie.

Satoshi Kon signe une œuvre glaçante et encore d’actualité

Plus de vingt ans après sa sortie en France, en 1999, la première création de Satoshi Kon provoque le même effet vertigineux et bouleversant. Son suspense haletant, très souvent comparé à celui d’Alfred Hitchcock, piège le spectateur dans un univers confondant réalité, rêve et illusion. L’ambiance générale du film nous rend incapable de discerner le vrai du faux, à la manière de la protagoniste. Au-delà de l’histoire, c’est surtout son contexte, à l’aube d’Internet et des réseaux sociaux, qui témoigne de la pertinence du cinéaste. Les conséquences de la célébrité, l’image de star manipulée et ruinée par les masses comme bon leur semble, ainsi que la suppression de l’intimité…Ces thématiques abordées prédisent l’essor des nouvelles formes de médias et ses conséquences les plus dramatiques, permettant à Satoshi Kon de signer une œuvre glaçante et encore d’actualité.

Lilou RICHARD.

Perfect Blue, Satoshi Kon (1999). Durée : 1h22.

Depuis le 24 novembre et jusqu’au 19 décembre 2021, le cinéma manceau Les Cinéastes rend hommage à Satoshi Kon dans une rétrospective. Une bonne occasion pour le public de (re)découvrir son travail. Plus d’informations sur leur site : https://www.les-cineastes.fr/evenements/retrospective-satoshi-kon/

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