« Où est Anne Frank ! » : une œuvre humaniste et utile

Parfois étudié au collège, parfois lu au détour d’une bibliothèque, Le Journal d’Anne Frank a traversé les générations et continue de le faire en milieu scolaire, mais également, au cinéma. Après le biopic de 1959 « Le Journal d’Anne Frank » de George Stevens et le film d’animation éponyme (1999) de Julian Wolff, c’est le cinéaste israélien Ari Folman qui s’est lancé dans l’adaptation (très singulière) de cette œuvre universelle.

L’angle que prend « Où est Anne Frank ! » est en effet assez particulier car c’est Kitty, l’amie imaginaire de la jeune allemande, à qui était dédié son journal, que le réalisateur a choisi de suivre.

Symboliquement, une goûte d’encre tombée sur le manuscrit donne vie à Kitty de nos jours dans la célèbre maison d’Anne Frank, à Amsterdam, se demandant où est passée son amie et toute sa famille. Munie du précieux Journal, elle va alors se lancer à sa recherche accompagnée de son nouvel ami Peter.

La quête de son amie imaginaire est ponctuée de va-et-vient temporels qui l’emmènent dans les tribulations passées de la vie d’Anne. Le film nous emporte dans ce parallélisme permanent et féerique, parfois maladroit et complexe pour un public enfant mais qui rend évidement compte de l’importance du souvenir dans les situations de déportation vécues par des millions de Juifs européens.

Une quête ponctuée de va-et-vient temporels

L’Europe dans laquelle Kitty prend vie a d’ailleurs évolué, Amsterdam a évolué. Dans cette ville aux ponts Anne Frank, aux écoles Anne Frank, aux centres culturels Anne Frank, il semblerait à première vue que l’on ait tiré la leçon de cette catastrophe qui est advenue en Europe, de la Shoah, aujourd’hui trop peu prise au sérieux comme le souligne Ari Folman dès les premier mots affichés à l’écran.

 

Mais dès l’ouverture du film d’animation, cette leçon semble s’être évaporée : des touristes du monde entier sont venus braver les intempéries pour visiter le musée Anne Frank, tandis qu’à quelques mètres de là, dans l’indifférence la plus totale, la tente d’une famille de réfugiés s’envole, les laissant en proie à la pluie et au vent de l’hiver.

Le parallèle avec la situation des réfugiés d’Europe est très judicieux

Les dessins oscillent entre réalisme terrifiant et onirisme (presque exagéré) et la colorimétrie est très juste, surtout lorsque le sujet du nazisme et des camps est abordé.

Dans une Europe où l’on pourchasse des familles réfugiées qui fuient la misère et la guerre, pourquoi des témoignages comme celui d’une jeune Juive, victime du nazisme, morte à 15 ans dans le camp de Bergen-Belsen, ne réveillent-il pas les consciences ?

Kitty cherche-t-elle Anne, comme l’entend le titre ou bien cherche-t-elle l’héritage moral de son Journal dans notre monde qui l’adule et qui pourtant semble en avoir oublié le sens ?

À travers le personnage attachant et mystérieux de Kitty le réalisateur signe un long-métrage nécessaire, chargé d’humanisme.

Sacha FESTY.

Où est Anne Franck ! de Ari Folman, en salles depuis le 8 décembre 2021. Durée : 1h39.

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