Oscar tombe dans le ciel (épisode 9)

Découvrez la vie d’Oscar, un enfant intriguant et intrigué, dans ce récit fantastique présenté par Charlie PLÈS. Des extraits sont publiés périodiquement dans Vitav depuis le 6 mai 2020.

Ils mangèrent en silence, et Oscar monta se coucher, comme tous les soirs. Il prit peur lorsqu’il entendit Maman grimper les marches de l’escalier. Allait-elle le gronder pour une faute qu’il ne s’imaginait pas avoir commise et dont il ne comprendrait pas la gravité ? Allait-elle rester debout dans sa chambre et pleurer toute la nuit ? Ce serait horrible, pensa Oscar…

Mais non. Maman vint simplement près de lui et lui déposa un baiser sur le front. Bonne nuit.

Abasourdi et remué par un bonheur auquel il ne s’attendait pas, Oscar la regarda sortir et refermer doucement la porte de sa chambre. Cette nuit-là, les bruits du grenier ne l’effrayèrent pas. Oscar se sentait plus fort.

 

Bien qu’il l’aimât, Papa était toujours apparu aux yeux d’Oscar comme une menace. Même si son absence lui faisait un vide, comme si une partie de la maison était morte, plongée dans cet étrange mutisme, Oscar ne pouvait s’empêcher d’en éprouver un profond soulagement. Il ne se sentait plus guetté lorsqu’il déambulait dans la maison, ni oppressé lorsqu’il savait rentrer trop tard d’une de ses expéditions dans le grand pré. D’une certaine manière, la vie était plus facile. Et puis de toute manière, c’était avec Angèle qu’il passait le plus clair de son temps. Tout aurait dû aller pour le mieux. Mais le départ de Papa avait coïncidé avec un autre malheur : la jeune fille semblait plus triste encore que d’habitude.

Apparemment l’ENFER s’était encore réchauffé, et la brûlait avidement. C’était sans doute pour cela qu’elle avait trouvé autant de plaisir à courir avec lui sous la pluie. Ça avait apaisé les flammes.

Mais dans les jours qui suivirent, Oscar fut accablé de voir son amie dépérir. Ses sourires se faisaient de plus en plus rares, sans parler de son rire, seule lumière dans le silence pesant de la maison. Sa tête tombait lentement, ses yeux se perdaient. Ses cheveux pendaient devant son visage et ça faisait peur à Oscar. Alors il essayait de l’amuser, il lui proposait des parties de cache-cache, d’autres jeux auxquels elle avait toujours pris plaisir… Elle avait essayé. Un temps. Et puis son faible enthousiasme était devenu du courage dans une lutte pour ne pas sombrer, et bientôt, elle n’eût plus ce courage. Elle restait assise dans le salon, laissant Oscar seul, noyé dans les ombres de la maison que la clarté éteinte d’Angèle ne parvenait plus à repousser.

De temps en temps, il l’entendait émettre un profond soupir. C’était tout. Il n’osait plus l’approcher, lui demander de lui lire une histoire. Angèle n’était plus Angèle, mais une copie muette et immobile, pâle reflet de l’ange qu’il avait toujours connu.

 

Le téléphone sonna en fin de matinée, et il retentit aux oreilles d’Oscar comme un coup de tonnerre. La sonnerie se répéta cinq fois avant qu’Angèle ne se lève mollement de son siège et ne décroche le combiné. Elle demanda d’une voix pâteuse qui était à l’appareil.

Oscar vit plus qu’il n’entendit la conversation. Tout était imprimé dans l’expression de terreur et de désespoir qui anima atrocement le visage d’Angèle. Il savait qui était de l’autre côté. C’était dehors. C’était l’ENFER. C’était ce qui avait dévoré Angèle et qui n’apparaissait à Oscar sous aucune apparence, dans aucune voix. Ce n’était que ça, l’ENFER : le visage de la morte Angèle.

Charlie PLÈS.

Rendez-vous le mercredi 23 septembre 2020 pour la suite d’Oscar tombe dans le ciel !

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