Découvrez la vie d’Oscar, un enfant intriguant et intrigué, dans ce récit fantastique présenté par Charlie PLÈS. Des extraits seront publiés périodiquement dans Vitav.
Oscar cria de terreur : non, non, il ne voulait pas aller là-bas, ça faisait trop peur ! Angèle le prit dans ses bras, le rassura : non, il n’irait pas, c’était un lieu réservé aux méchants… Mais Papa et Maman lui disait toujours qu’il était un méchant garçon. Surtout Papa. Angèle s’offusqua : non, ce n’était pas vrai. Oscar était le plus gentil des garçons du monde.
Oscar se calma. Il voulait écouter la suite de l’histoire.
Au-dessus de l’ENFER, il y avait le monde, et au-dessus du monde, il y avait le ciel. Les gentils morts allaient au ciel. Oscar irait, lui aussi. Là-haut, il y avait les anges, des êtres purs qui protégeaient les gens de la corruption des démons. Anges et démons se vouaient une haine sans merci… Et ils se battent ! l’interrompit Oscar. Je les vois se battre, quand il pleut, je vois le ciel tomber sur la terre !
Elle avait à nouveau ri, de ce rire clair comme de l’eau. La Vérité, avait-elle objecté, c’était que la pluie n’avait rien à voir avec ça. Cette fois, Oscar eut la certitude qu’elle se trompait, mais il ne lui en avait rien dit. Il avait préféré poser son ultime question : qu’était donc cette « bêtise » qu’elle avait faite ?
Il avait tout de suite regretté. Elle avait baissé la tête, s’était mise à se triturer les mains, et ses yeux s’étaient brouillés.
Elle ne répondit pas. A la place, elle pleura, pour de bon. Ne comprenant pas qu’une bêtise puisse à ce point être grave (avoir renversé la table sur laquelle étaient posés verres, couverts et assiettes était sans doute la chose la plus dramatique qu’ait connu sa vie jusqu’ici), Oscar la serra dans ses bras, pleurant lui aussi à chaudes larmes, des sanglots bruyants lui secouant la poitrine.
Angèle disait toujours la Vérité, ou ne disait rien du tout.
Après qu’Angèle soit partie, Oscar était descendu dans le salon, car les bruits dans le grenier avaient recommencé. Souvent, il entendait ces grattements au-dessus de sa tête, lorsqu’il était dans sa chambre, et ça l’empêchait de dormir. Oscar croyait bien qu’il y avait un monstre dans le grenier. Il n’était d’ailleurs jamais allé dans cette pièce. D’une certaine manière, le grenier faisait lui aussi partie du dehors. Alors lorsqu’il l’entendait, Oscar remontait ses couvertures jusqu’à ce qu’elles lui cachent le visage et il gémissait doucement, prenant garde dans sa terreur de ne pas réveiller Papa. Il n’avait jamais parlé à personne du monstre, et il semblait être le seul à y faire attention.
Il s’était donc installé sur le canapé, et s’occupait à regarder les livres d’images qu’Angèle lui avait laissé. Au bout d’un moment, Papa entra dans la pièce. Il avait l’air encore plus en colère que d’habitude : le rouge de son nez avait contaminé tout son visage et ses petits yeux marrons semblaient vouloir réduire en pièces tout ce sur quoi ils se posaient. Il pointa un gros index sur Oscar et lui ordonna de sa grosse voix tonitruante de monter dans sa chambre. Oscar savait ce que cela voulait dire : Papa allait avoir « une petite discussion » avec Maman.
Charlie PLÈS.
Rendez-vous le mercredi 12 août 2020 pour la suite d’Oscar tombe dans le ciel !