Minh Tran Huy signe avec Les inconsolés un quatrième roman polymorphe et brillant à l’écriture raffinée. Une autrice à suivre.
Les inconsolés s’ouvre sur un incipit mystérieux digne des meilleurs romans noirs. Un soir de pleine lune, un cadavre est abandonné dans un lac qui borde un château somptueux. Le lecteur est ensuite plongé dans un roman d’apprentissage contemporain, centré sur le coup de foudre amoureux entre Lise et Louis. Une histoire d’amour qui défie les lois de la forteresse sociale. Lise appartient à la classe moyenne qui ne possède pas certaines habitudes culturelles. Louis est un héritier pour qui la voie est déjà toute tracée.
Le récit est construit autour d’une alternance entre deux voix narratives : le point de vue interne de Lise et la narration d’un « autre » énigmatique, qui semble en savoir beaucoup sur la dérive toxique des liens qui unissent Lise et Louis. Le suspense s’épaissit de page en page dans ce roman à l’écriture raffinée.
Minh Tran Huy réussit un « métissage littéraire » équilibré alliant atmosphère gothique, roman des origines, univers du conte et analyse sociologique. L’autrice crée un très beau personnage romanesque sous les traits de Louise. Une jeune femme qui suit de brillantes études littéraires contre l’avis de ses parents, à la fibre plus scientifique. Une jeune femme cinéphile en proie à ses premiers émois, souvent plus dans la projection que dans l’action.
Un très beau livre à dévorer cet été.
Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
« Les inconsolés » de Minh Tran Huy (2020), Actes Sud, 320 pages.
Photo : ©Jean-Luc Bertini.