Mikhaël Hers est l’une des étoiles montantes du cinéma français. À la fois réalisateur et scénariste, ces premières œuvres sont de véritables bijoux de grâce et de maîtrise. Coup de projecteur sur deux de ses drames : Ce sentiment de l’été (2015) et Amanda (2018).
La disparition et l’expérience du deuil sont des thématiques qui reviennent comme un leitmotiv* dans chacun de ces deux films. Ce sentiment de l’été commence avec la mort de Sasha qui laisse une béance douloureuse chez sa famille et son compagnon, Lawrence. Dans Amanda, c’est la sœur aînée de David qui perd la vie lors d’un attentat. Elle laisse derrière elle une petite fille dont il devra s’occuper. Ce noyau fictionnel commun est traité avec une très grande pudeur. Au drame larmoyant sans nuances, Hers préfère entrecroiser des émotions contradictoires. Parfois difficiles à saisir, ces sentiments créent une sorte d’hédonisme** mélancolique qui nimbe la filmographie de Mikhaël Hers.
Les villes sont au cœur de la réalisation : Paris, Berlin, Annecy et New-York sont magnifiquement filmées dans Ce sentiment de l’été. Ce sont des lieux de reconstruction intimes pour Lawrence et pour la sœur de Sasha, la sensible Zoé. C’est un Paris à la fois blessé par les attentats et auréolé de l’insouciance de l’été qui est représenté dans Amanda.
Le spectateur est vite séduit par ces atmosphères où se mêlent le prosaïque, la poésie et des incises d’humour. Il y a quelque chose d’indicible dans ce cinéma : un élan vital et amoureux ponctué d’amertume, une douceur « comme les vagues de l’été qui finissent pourtant par éroder le roc », comme l’écrit le journaliste Jean-Baptiste Morain à propos du cinéma porté par Mikhaël Hers.
Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
Crédit photo : ©Clair Obscur / Gilles Pensart.
Ce sentiment de l’été, 2015, 1h47.
Amanda, 2018, 1h47.
* leitmotiv : phrase musicale répétitive.
** hédonisme : recherche du plaisir.
Crédit photo: Gilles Pensart