Marivaux, ou l’ascension sociale d’un « paysan parvenu »

Le roman-mémoire est un ouvrage de fiction dans lequel le narrateur parle à la première personne, comme s’il contait son histoire selon ses souvenirs. Ce genre était très répandu au XVIIIème siècle. Marivaux, auteur et dramaturge français de cette époque, s’y est essayé dans une œuvre considérée comme l’une de ses plus illustres : Le Paysan Parvenu.

Le héros s’émancipe de sa condition sociale grâce à ses relations amoureuses et ses qualités naturelles

L’histoire est narrée par un personnage fictif, Jacob de la Vallée, un homme du peuple, issu de la campagne et travaillant avec son père à la ferme familiale. Il va rapidement se trouver propulser dans le monde de la bourgeoisie du fait de deux atouts qu’il possède naturellement : il est beau et il a de l’esprit. Fort de ces qualités, Jacob va enchainer les relations amoureuses avec des partenaires féminins qui vont, comme dans Bel-Ami de Maupassant, lui permettre de progresser dans la société pyramidale de son époque.

Marivaux, observateur de son temps, critique la société des castes à travers ce roman

Le livre, à bien des égards, porte une dimension critique vis-à-vis de la société de castes dans laquelle vit Marivaux. L’auteur a toujours été un observateur attentif de son propre monde. Il a l’habitude d’en défier les règles, notamment dans ses comédies, en maniant l’art de la subversion : les esclaves deviennent maitres (L’ile aux esclaves, 1725), les maitres deviennent valets (Le jeu de l’amour et du hasard, 1730). Marivaux joue de la dérision pour remettre en question sa société, en se moquant notamment des dévots. En racontant l’ascension de Jacob, roturier possédant autant de capacités que les bourgeois qu’il côtoie (voir plus), le dramaturge démontre que le système des castes est insensé, puisque détaché de la réelle valeur de chaque individu.

Le Paysan Parvenu est une œuvre intéressante pour la critique qu’elle porte sur la société française du XVIIIème siècle. Écrit dans un style soutenu, l’ouvrage n’en demeure pas moins aisé à lire.

Mathis POUPELIN.
Photo de couverture : Mathis Poupelin.

Le Paysan Parvenu de Marivaux (1734), collection prestige, 400 pages.

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