L’histoire du fascisme en France

Zeev Sternhell, historien spécialisé dans l’histoire du fascisme, a fait date dans l’historiographie française avec son ouvrage Ni droite ni gauche, L’idéologie fasciste en France. Initialement publiée en 1983, son oeuvre a ensuite connu de nombreuses éditions, la dernière datant de 2013. Sternhell y remet en cause un préjugé longuement partagé au sein des historiens, à savoir que la France aurait échappé au fascisme.

Zeev Sternhell s’oppose à une vision historique de la France qui considère que le pays des Lumières, en raison de son républicanisme essentiel, aurait échappé à toute forme de fascisme. Sternhell rappelle d’abord le plus évident : l’épisode Vichy, qu’il compare à d’autres régimes fascistes, et conclue que le régime pétainiste était plus violent et plus raciste que celui de Mussolini.

Le pire, selon Sternhell , c’est que Vichy n’est en réalité pas un simple épisode isolé ni un accident des circonstances de la guerre et de l’occupation. L’historien montre qu’il s’agit en fait de l’aboutissement logique d’un demi-siècle de montée des idées fascistes en France, et ce depuis le XIXème siècle. Sterhnell retrace alors l’histoire de ces mouvements, du boulangisme et de Maurice Barrès à Pétain, en passant par toute une intelligentsia du début de siècle.

En effet, la grande spécificité de la France, c’est que le fascisme s’est constitué sur un socle théorique et conceptuel très défini qui a pu inspirer directement Mussolini et Hitler. Plus étonnant encore, cette théorie naît de certains socialistes qui voient le marxisme comme une impasse à dépasser.

C’est par opposition aux démocraties libérales conçues comme bastion de la bourgeoisie que naissent ces idées qui sont donc d’abord une forme de socialisme délaissant l’idéal du prolétariat vainqueur pour unifier toutes les classes sous l’égide de la Nation… et ainsi naît le national-socialisme !

Ces intellectuels poursuivent alors leurs réflexions vers un état totalitaire, un culte de la jeunesse et du virilisme, un antisémitisme programmatique… bref, des dérives fascistes.

Si la France a longtemps cru avoir échappé au fascisme, c’est parce qu’elle ne voyait dans Vichy qu’une occupation allemande. Mais alors se pose la question de tous ces mouvements qui l’ont fait aboutir : est-ce que l’on n’est pas déjà fasciste avant de réussir à instaurer un État fasciste ?

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

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