Entre fureur et dégoût pour l’homme, Les Vilaines, récit semi-autobiographique de Camila Sosa Villada ne peut laisser le lecteur indifférent.
Récompensée par quatre grands prix littéraires, au Mexique, en Espagne et en France, l’œuvre prouve quelque chose d’inattendu : même les « putes trans », pourtant dénuées de culture, peuvent être brillantes.
Chronique d’un voyage en enfer dont on ne sort pas indemne
L’espace d’un instant, Camila Sosa Villada ouvre les portes de son ancienne vie, celle d’une prostituée argentine et transgenre condamnée à vivre entre ses souffrances perpétuelles et les cadavres de ses amies. Elle offre au lecteur un voyage pour visiter « l’enfer ». Mais ce périple n’est qu’un aller simple car il est impossible d’en revenir indemne.
« Mais je sens qu’une partie de moi meurt dans ce récit. » (Camila Sosa Villada)
Le lecteur aussi va perdre quelques plumes lors de cette lecture horrifiante. Comment rester insensible face à l’histoire d’un jeune garçon de 8 ans qui doit travailler pour se nourrir, qui sera violé par des policiers, battu par son père alcoolique et rejeté par sa mère, du fait de sa sexualité ? C’est impossible. Malheureusement, ce récit glaçant est véridique, mais il n’en demeure pas moins magnifique.
La magie des trans peut faire naître l’espoir
Face à la mort et à la violence seule « la magie des trans » semble assez puissante pour faire naître l’espoir. Et c’est en cela que se niche le talent de l’autrice : montrer, grâce à la poésie et au réalisme magique, que dans la maison des trans « même la mort peut être belle ».
Texte et photo : Julian ATZENHOFFER.
Les Vilaines de Camila Sosa Villada, publié aux Éditions « Points », 215 pages.