Les Rougon-Maquart, épisode 7 : L’Assommoir

Si Emile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.

Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.

S’il y a bien un Rougon-Macquart qu’on retient généralement, c’est L’Assommoir, d’abord publié en feuilleton à partir de 1876.

On quitte les strates du pouvoir pour retomber dans le milieu ouvrier, crasseux et pauvre. Zola dépeint des corps épuisés, contraints par le travail, se réfugiant le soir dans des appartements miteux et sombres, ou bien des tripots où s’organisent des beuveries.

On suit le personnage de Gervaise, fille d’Antoine Macquart, qui commence au fond du gouffre, pauvre et abandonnée, avant de grimper socialement grâce à sa propre blanchisserie, pour finir par une ultime dégringolade qui la conduira à la déchéance totale.

L’Assommoir est peut-être plus ambiguë que d’autres romans des Rougon-Macquart

Dans L’Assommoir, si le milieu, ses contraintes et déterminations, sont évidemment pesants, ce sont aussi les choix de Gervaise qui la mèneront au cataclysme. On observe toujours en miroir la situation qui aurait pu être si ses choix avaient été les bons ou si le sort ne s’était pas acharné sur elle. Les hommes, notamment, ont un rôle très symboliques : Coupeau est la force de travail anéantie dans la paresse et le goût de l’argent, Lantier est la perversion même, comme un petit diable sur l’épaule, tandis que Goujet est ce demi-dieu noyé dans la lumière de la forge, la santé, l’honnêteté…

Et bien sûr, la fatale erreur : l’alcool, par lequel Gervaise rejoint la tare familial. Et il est là, le véritable monstre ; le sombre alambic qui déverse sa sueur ivre dans les rues de Paris, veines souillées d’un corps malade.

L’Assommoir est peut-être plus ambiguë que d’autres romans des Rougon-Macquart. C’est un roman de la tentation à se laisser mourir. Faut-il faire le procès d’une ouvrière vaincue par la misère ?

Texte et illustration : Charlie PLES.

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