Les Rougon-Maquart, ép. 8 : Une page d’amour

Si Emile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.

Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.

Publié en 1878, Une page d’amour est complètement oublié aujourd’hui. Il est vrai qu’après L’Assommoir, ce tome peut faire pâle figure.

On change de branche familiale pour passer du côté Mouret, avec Hélène Mouret, fille d’Ursule Macquart, et sa fille Jeanne, qu’elle a eu d’un certain Grandjean qui n’apparaît pas dans le roman.

Jeanne est sujette à d’étranges crises qui la plongent dans un état de colère folle, ou dans un état maladif qui inquiète énormément sa mère. Alors qu’elles arrivent à Paris, l’enfant est prise d’une crise, et sauvée par le médecin Deberle, dont Hélène va tomber amoureuse.

On n’est pas loin de la petite fille possédée de L’Exorciste

S’il faut trouver un antagoniste au roman, c’est la petite Jeanne elle-même, qui, par sa fragilité physique et psychologique, asservit sa mère. Elle l’empêche de vivre sa vie, pris d’une rage jalouse quand sa mère montre le moindre signe d’affection pour d’autres êtres qu’elle-même. Certaines scènes font de Jeanne une créature alitée et sombre, un totem à vénérer, franchement angoissant. On n’est pas loin de la petite fille possédée de L’Exorciste.

Pas facile de comprendre ce que Zola a voulu dire avec ce roman sur une petite fille paranoïaque et érotomane, dont la peur de l’abandon la transforme en tyran, et sur sa mère qui se plie longtemps à ses caprices avant de décider de vivre son idylle avec Deberle… quitte à passer pour une coupable aux yeux du lecteur docile quand il s’aperçoit des conséquences sur Jeanne.

Pas le plus passionnant des Rougon-Macquart, ni le plus percutant. On apprécie tout de même le personnage de Rambaud, mais par pitié, sa bonté ne lui donnant accès à l’amour ni d’Hélène ni de Jeanne.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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