Si Émile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.
Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.
Publié en 1892, La Débâcle pourrait presque clore Les Rougon-Macquart : la fresque s’ouvre, avec La Fortune des Rougon, sur l’instauration du Second Empire à la suite du coup d’état. La Débâcle en dépeint la chute.
On retrouve Jean Macquart, protagoniste de La Terre, qui s’est de nouveau engagé dans l’armée après la mort de sa femme Françoise, fuyant les coups bas de son beau-frère Buteau. Il participe donc à la guerre de 1870 contre la Prusse qui finit en déconvenue totale pour la France.
Les deux forces d’une France équilibrée selon Zola
Pendant son service, Jean fait la rencontre de Maurice Levasseur, avec qui il se lie d’amitié (voire peut-être d’amour comme pourraient le suggérer certaines ambiguïtés du texte), malgré leurs positions politiques et philosophiques très divergentes. Jean est un pieds-sur-terre conservateur, tandis que Maurice est un intellectuel révolutionnaire. Peut-être symbolisent-t-ils les deux forces d’une France équilibrée selon Zola ?
Cette France, si elle peut être espérée, ne le sera qu’au prix d’une « grande et rude besogne » (ce sont les derniers mots du livre). En effet, après la défaite de l’Empire face à la Prusse, c’est à l’insurrection de la Commune qu’il faut désormais faire face, conflit d’une France divisée où Jean et Maurice vont devoir s’affronter.
Grande épopée lyrique
Grande épopée lyrique où Zola trouve un malin plaisir à décrire les déboires du régime qu’il honnit, La Débâcle témoigne de la véritable ambition du projet des Rougon-Macquart ; se constituer en mythe d’une vraie Révolution française, d’une renaissance après la décadence.
Texte et illustration : Charlie Plès.