Les origines de la France autrement

À la fin du XIXe siècle, un « roman national » a été construit par les historiens, dans une perspective politique. Ernest Lavisse écrivait alors les manuels des écoliers. On pouvait y lire : « Autrefois, notre pays s’appelait la Gaule, et les habitants s’appelaient les Gaulois ». Cette version simplifiée de nos origines est encore largement répandue dans les discours et les programmes contemporains.

Geneviève Bührer-Thierry, historienne médiéviste à l’université de la Sorbonne, et Charles Mériaux, chercheur à l’IRHiS et professeur de l’université de Lille, ont écrit La France avant la France (481-888). Il s’agit du premier essai de la collection Histoire de France parue chez Belin sous la direction de Joël Cornette.

Cet ouvrage est à la pointe de l’historiographie moderne. Il envisage ainsi des thématiques vues et revues sous un angle neuf. Il ne se concentre pas uniquement sur les personnages et événements qui ont fait date. Il aborde la géographie, la démographie, le commerce, les systèmes de production, la religion, l’architecture urbaine et rurale. Il évoque également la hiérarchie sociale ou encore la place des femmes dans une société lointaine et finalement méconnue. Cette œuvre permet de visualiser, de comprendre un monde complexe qui est à l’origine de notre pays.

La France avant la France est également moderne pour son approche sur le long terme. Les historiens réfléchissent aujourd’hui en processus et évolutions, plus qu’en crises et en dates clés. On observe ainsi que des notions comme « la chute de Rome » sont critiquables, car simplifiant trop des dynamiques inscrites dans un temps long pouvant remonter jusqu’à trois siècles en amont.

Enfin, cet essai permet de rentrer dans le travail de l’historien grâce à un dossier en fin d’ouvrage, « l’atelier de l’historien ». Les auteurs expliquent ici comment exploiter les sources de l’Antiquité tardive. Ils montrent comment, depuis une trentaine d’années, l’archéologie a gagné en importance et de nouvelles manières d’interpréter les traces du passé sont apparues.

Cette œuvre offre finalement une bonne compréhension de nos origines lointaines, dans toutes leurs complexités et leurs particularités.

Texte et photo : Mathis POUPELIN.

La France avant la France (481-888), 2010, de Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux, éditions Belin. 650 pages.

*IRHiS : Institut de recherches historiques du Septentrion.

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