Les maisons vides : un premier roman intemporel

Laurine Thizy enseigne la sociologie. À 30 ans, son premier roman Les maisons vides remporte le prix Régine Desforges 2022 et récolte un succès unanime.

Le récit suit une jeune fille appelée Gabrielle, de ses premiers instants de vie à son passage à l’âge adulte. Sur ce chemin semé d’embûches, elle lutte constamment pour survivre dès son arrivée dans le monde. Bébé prématuré, puis enfant chargée de responsabilités, c’est par la gymnastique qu’elle affirme son identité.

« Gabrielle voit le jour un soir de mai, trois mois avant le terme […] dans la vie avant l’heure, les poumons pas complètement finis, le cœur affolé et le souffle court. Depuis la première seconde Gabrielle est une résistante : un œuf qui a creusé sa survie dans le ventre de sa mère. »

Par la puberté, le domaine du sport et le monde médical, la plume de l’autrice porte une grande attention à la corporéité. Au-delà des mots, le corps de Gabrielle évolue, s’exprime, marque sa singularité. L’héroïne est une sorte d’intermédiaire, en décalage avec son environnement, sans cesse ramenée à son individualisme. Mais ce qui la distingue est sa détermination, qui pousse toujours plus loin sa discipline vis-à-vis d’elle-même.

« Depuis qu’elle s’impose ce strict régime, Gabrielle constate que les araignées ne s’affaiblissent pas. Au contraire,il semble même qu’elles sont plus grosses, plus velues qu’auparavant ».

Au fil des chapitres, plusieurs temporalités se superposent, entre l’histoire de Gabrielle et des personnages qui gravitent autour d’elle. L’intrigue se concentre sur les femmes de la famille, dévoilant leurs rêves et les souffrances qu’elles ont dû étouffer avec une justesse froide

Bien que Les maisons vides se déroule dans les années 90 et 2000, Laurine Thizy livre un roman intemporel, au style à la fois brut et émouvant. Mêmes les extraits les plus violents sont abordés avec une certaine douceur. Guidé par la voix d’un narrateur ambigu, le dénouement donne envie au lectorat de plonger immédiatement dans une deuxième lecture.

« Au clown abandonné, comme un prélude à tout le reste, Gabrielle raconte : elle raconte ce soir des ses treize ans où la Vierge s’est tue. »

Lilou RICHARD.

Les maisons vides, éditions de l’Olivier (janvier 2022). 272 pages.

Disponible en broché ou e-book ici : https://www.librairies-alip.fr/livre/9782823617368-les-maisons-vides-laurine-thizy/

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