Les impatientes : Djaïli Amadou Amel brise les tabous

Djaïli Amadou Amel est une militante féministe et autrice camourenaise. En 2020, elle publiait Les impatientes, un roman bouleversant sur les souffrances des femmes au Sahel. Entre mariage forcé, viol, violences conjugales et polygamie, la romancière n’a pas manqué de déchirer le voile sur les tortures que subissent les femmes au Cameroun. Son livre a reçu plusieurs titres dont le prix Gancourt des lycéens.

Djaili Amadou Amel s’est inspirée de sa propre histoire pour écrire Les Impatientes. Mariée de force à 17 ans, elle quitte son mari après cinq ans de vie commune. Elle se remarie avec un homme violent qu’elle quitte également et avec lequel elle a vécu maintes péripéties.

« Je m’étais rendue compte en écrivant que je me racontais » (Djaïli Amadou Amel dans l’émission C à vous du 21 avril 2022)

Dans son roman, l’écrivaine camerounaise livre trois histoires : celle de Ramla que sa famille a forcée à quitter son amour de jeunesse pour se marier avec l’époux de Safira. Cette dernière voit son mari dans les bras d’une jeune femme de 17 ans et se voit, après 20 ans de mariage, vivre les tourments de la polygamie. Nous suivons également Hindou, la sœur de Ramla, que sa famille a forcé à se marier avec son cousin, Moubarek, un alcoolique violent qui a fait de sa vie un enfer au quotidien. 

En lisant Les impatientes, on rencontre très souvent le mot Munyal qui signifie « patience » en Peul.

« Patience, mes filles ! Munyal ! » pour dire aux femmes que si elles veulent être de bonnes épouses et des femmes accomplies, elles doivent patienter et accepter tous les supplices possibles et inimaginables.

Accepter tout de nos époux. Il a toujours raison, il a tous les droits et nous, tous les devoirs. Si le mariage est une réussite, le mérite reviendra à notre obéissance, à notre bon caractère, à nos compromis ; si c’est un échec, ce sera de notre seule faute. Et la conséquence de notre mauvais comportement, de notre caractère exécrable, de notre manque de retenue. Pour conclure, patience, « munyal » face aux épreuves, à la douleur, aux peines (extrait des Impatientes)

Le roman met également en lumière les conséquences néfastes du chantage affectif sur les femmes de la part de leurs familles qui se disent déshonorées, déchirées si celles-ci osent se rebeller et dire non !

Pourquoi est-il important de lire cet ouvrage?

Les impatientes raconte la condition des femmes dans plusieurs pays du monde, une condition invisible et invisibilisée. Le récit nous invite à nous battre pour les droits des femmes et l’urgence de l’impatience et de la révolte.

Aldja AZZOUG.

Les Impatientes (septembre 2020 / Edition Emmanuelle Collas). 240 pages.

 

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