Les Crimes du Futur : anatomie de l’oeuvre

26 ans après « Crash » David Cronenberg revient avec cette œuvre intrigante et envoûtante qui était en compétition au Festival de Cannes. Viggo Mortensen collabore de nouveau avec l’emblématique réalisateur, aux côtés de Léa Seydoux et Kristen Stewart. 

Ce film s’inscrit entre l’horreur, la science-fiction, le gore, l’avant-garde, le drame et le thriller

Les Crimes du futur met en avant les modifications corporelles, le body-art, par des spectacles presque secrets, voire illégaux, mais populaires au sein d’une nouvelle société dépourvue de la sensation de douleur. Ainsi, la chirurgie devient « la nouvelle sexualité », entre chair, quête artistique et unique source de douleur. Il s’agit d’une dystopie envoûtante par son atmosphère sombre mais baignée dans la créativité et la philosophie. Ce film s’inscrit entre l’horreur, la science-fiction, le gore, l’avant-garde, le drame et le thriller.

Le concept de modifier éternellement le corps humain et son esprit selon les avancées technologiques et l’évolution du monde extérieur est un idéal visé par certains personnages.

La chirurgie -sous forme de body art- exercée par « Caprice » (Léa Seydoux) est comparée par cette dernière à la poésie, à la littérature, dans la mesure où il faut entrer dans le texte et l’analyser. Cette référence au langage est fondamentale car certains organes sont tatoués de mots; le corps apparaît comme une métaphore d’un livre que l’on ouvrirait, d’où l’évocation à de multiples reprises de « beauté intérieure ».

Le réalisateur pose des questions sur les limites de l’humanité grâce à l’analogie de tumeurs ou de maladies dégénératives perçues comme Art. La prolifération et la rapidité de production de ces nouveaux organes semblent mettre en avant le corps en tant qu’allégorie de l’usine et de la consommation. A l’inverse d’Andy Warhol et de la reproduction des « Campbell’s soup », Saul Tenser (Viggo Mortensen) recherche plutôt l’unicité, la nouveauté, la découverte de nouveaux organes et hormones.

Cronenberg illustre aussi les problèmes environnementaux vis-à-vis de la consommation des humains. Les protagonistes trouvent la solution de modifier génétiquement les corps et appareils digestifs afin de manger des déchets, notamment du plastique.

En somme, ce film nécessite d’être digéré par les spectateurs tels les aliments ingérés par ses personnages.

Manon BOYER.

« Les Crimes du Futur », de David Cronenberg, en salle depuis le 25 mai 2022. Durée : 1h47.
Interdit aux moins de 12 ans.

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Photo : DR.

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