François Ozon revient derrière la caméra avec un 22e film intitulé Mon Crime. Vitav a eu l’occasion d’assister à l’avant-première du long-métrage, lundi 13 février, à Lille, en présence du réalisateur et des acteur.ices Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder et Dany Boon.
Située dans le Paris des années 1930, cette comédie inspirée par la pièce de théâtre du même nom de George Berr et Louis Verneuil, s’axe autour de l’amitié entre deux jeunes femmes, Madeleine et Pauline, incarnées par Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder. Victime d’une agression sexuelle, Madeleine se retrouve soupçonnée par la police du meurtre de son agresseur. S’en suit alors une suite d’évènements plus ou moins comiques, mettant en scène des personnages burlesques, interprétés par une myriade d’acteurs que l’on ne présente plus, tels qu’Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, ou encore, Dany Boon.
« J’aborde la complicité entre deux femmes qui essaient de s’en sortir dans une situation de condition féminine difficile »
Pourquoi avoir voulu faire cette œuvre en particulier ?
François Ozon : J’ai découvert cette pièce pendant le confinement. Comme tout le monde, j’étais assez déprimé car je n’étais pas sûr de pouvoir refaire du cinéma. Je me suis dit alors que si je devais réaliser un film après le confinement, ce serait une comédie. J’avais déjà fait 8 femmes (2001) et Potiche (2010), et en lisant cette histoire, je me suis dit qu’elle présentait une possibilité de clore cette trilogie. 8 femmes c’est un film sur le renoncement du patriarcat, Potiche sur l’avènement du matriarcat, et cette fois-ci je voulais aborder la complicité entre deux femmes qui essaient de s’en sortir dans une situation de condition féminine difficile.
« Je trouvais important que le film fasse écho au mouvement #MeToo et à la libération de la parole »
Comment fait-on du théâtre au cinéma ?
F.O. : S’agissant de la réalisation, j’ai beaucoup adapté et modifié la pièce. En effet, elle a été écrite dans les années 1930, et Berr et Verneuil se sont beaucoup concentrés sur l’aspect judiciaire de l’histoire. J’ai resserré le film autour de Madeleine et Pauline pour en faire en quelque sorte une œuvre féministe. J’ai changé les rapports entre les personnages, mais j’ai quand même gardé des dialogues d’époque que je trouvais drôles et qui m’ont plu.
Rebecca Marder : Il s’agissait d’être le plus sincère possible avec des dialogues qui sont assez littéraires et théâtraux. C’était un bonheur de pouvoir mêler le théâtre et le cinéma, ce sont deux métiers très différents, mais tellement complémentaires.
Le parallèle avec l’actualité concernant les violences faites aux femmes était il volontaire ?
F. O. : Je trouvais important que le film fasse écho au mouvement #MeToo et à la libération de la parole. J’avais déjà évoqué ce sujet de façon dramatique dans Grâce à Dieu (2018), qui traitait des abus sexuels au sein de l’Eglise. J’avais donc envie d’aborder ce thème en conservant cette fois une certaine légèreté. Le personnage de Madeleine a été agressé et elle réussit à retourner la situation et à reprendre le pouvoir sur les personnages masculins qui l’entourent.
Yuna PERRIERE.
Mon crime est en salles le mercredi 8 mars 2023. Durée : 1h42.