Les Chants de Maldoror, le poème maudit

Du comte de Lautréamont, il ne nous reste pas un visage, mais une œuvre en revanche, qui, si elle a longtemps été méconnue, influence nos poètes d’aujourd’hui, notamment des artistes comme le groupe Noir Désir ou le chanteur Thiéfaine ; étrange hasard que ce soit la musique qui cite si souvent Les Chants de Maldoror.

Qui est Maldoror, cette figure maléfique invoquée comme le nom du diable, qui hante le texte comme un croque-mitaine, et s’accouple avec un monstrueux requin ? Faut-il y voir un double de l’auteur, ou la personnification de ses obsessions ? Rien de tout ça, une ombre ?

En six chants imposants, Lautréamont a écrit un monumental poème en prose où les images les plus sordides et les danses les plus cruelles accompagnent une musique travaillée de la phrase, un lexique riche et torturé, comme devait sans doute l’être l’esprit qui a rédigé ces Chants, Lautréamont le poète maudit qui s’est créé toute une mythologie par cette œuvre qui lui a survécu et qui est entrée dans l’imaginaire collectif au même titre qu’une terre du Milieu ou un mythe de Cthulhu ! Les Chants de Maldoror ont d’ailleurs cette image de livre maléfique qu’incarne le Necronomicon, invention de Lovecraft, et l’on se prend à la lecture, à s’imaginer tenant en main un écrit interdit qui puisse faire se déchaîner des forces obscures…

Entre beauté baudelairienne et mystique hugolien, le grand poème de Lautréamont est un objet à part de la poésie française dont il serait bien dommage de se passer. On trouve son œuvre dans la collection Poésie/Gallimard, accompagné de ses Lettres et de deux textes appelées Poésie I et II, qui peuvent éclairer sur le projet des Chants.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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