Peut-on parler de l’album de Barbara Pravi sans citer Piaf ? Oui. Mais l’exercice n’est pas simple car on y pense. Moins gouailleuse, plus douce, elle a en commun avec la môme d’être possédée par ses mots de la plus belle des façons, et peut-être aussi ce petit R qui roule à l’occasion. Quelques mois après sa prestation convaincante au concours de l’Eurovision, la jeune artiste défend un nouvel album baptisé « On n’enferme pas les oiseaux ».
On croirait que ses mots la transpercent, et alors, ils transpercent l’auditeur de la même flèche. Pas moderne, pas vieillot, sans doute les disquaires la classeront-ils dans le bac variété française comme tant d’autres. Un désaveu pour cette jeune Franco-Serbe de 28 ans qui a dans sa voix les fêlures d’une femme de 3 fois son âge.
« On me demande sans cesse qui compose pour moi les mélodies que je fredonne, comme si on était pas fini, comme si on avait toujours besoin d’un homme. » (extrait de La Femme)
Les violons s’emballent au fil de sa voix, celle d’une amoureuse de l’amour, aussi puissante qu’intense. Tantôt orientale, tantôt classique en passant par du slam, désabusée, joyeuse, féministe, introspective, vintage, moderne, douce, amère. Barbara Pravi est tout cela à la fois, et nous emporte dans sa vague…Et puis, au détour d’une respiration, ou d’un mot, elle suspend l’auditoire à son silence.
À tous ceux qui se demandaient si elle était capable de se décoller de l’étiquette du titre Voilà qui l’a classée deuxième à l’Eurovision, elle livre sa réponse sur un plateau (ou plutôt sur un album).
Elodie BASLE.
Barbara Pravi, « On n’enferme pas les oiseaux », est disponible depuis le 27 août 2021. 11 titres.
Titres forts de l’album : La Femme, Saute.
À écouter si vous aimez : Piaf et Barbara, Camélia Jordana, Pomme, mais aussi, sans doute, un peu Beyoncé.