L’Entretien et Krach : un diptyque des Temps Modernes

L’Entretien et Krach, deux textes de l’écrivain contemporain Philippe Malone, publiés respectivement en 2007 et 2013 et traitant du monde du travail, font l’objet d’une adaptation théâtrale mise en scène par Jean-Michel Rivinoff. Une représentation est prévue le vendredi 24 janvier au Mans, au théâtre Paul-Scarron.

Crises et tensions face à une condition ouvrière pénible

L’Entretien s’articule autour de trois femmes représentant trois grandes figures de l’entreprise : la cheffe, ironique et méprisante ; la mère, syndicaliste et affligée et sa fille rebelle et déterminée qui passe le fameux entretien d’embauche. Entre mésententes professionnelles et incompréhensions personnelles, cette pièce chorale offre une dimension complète où le décor minimaliste et graphique s’accorde bien avec la musique brutale signifiante de l’atmosphère. Les costumes représentatifs d’une classe sociale illustrent les profils des personnages. Sans oublier l’écriture poétique et travaillée de Malone qui fait résonner les crises et les tensions face à une condition ouvrière pénible et un travail éphémère.

Quand l’homme devient la victime de la grosse machine

Krach présente la voix d’un salarié qui, au fil du temps et de l’âge, chute, étage par étage, du haut de sa tour pour finir en bas de l’échelle. Porté par un monologue parfois long et répétitif à l’énonciation décapante, l’homme devient la victime de la grosse machine qu’est le système du travail, perd toute pratique du langage et désespéré, est réduit à l’effacement et à l’oubli. Dans un univers simple et esthétique, mais somme toute tragique, l’œuvre réussit à manifester l’aliénation ainsi que la pression du travail sur l’homme impuissant qui désire appeler à la révolte et au regroupement mais qui reste finalement « seul ».

Après plusieurs années de combats sociaux et politiques, la pensée de Marx et le succès cinématographique des Temps Modernes de Chaplin, les œuvres de Philippe Malone mettent en lumière le monde terrifiant et les conditions difficiles du travail faisant écho à un contexte actuel fragile.

Romain BACHELIER.

Vendredi 24 janvier, 20h30, dernière représentation de la Compagnie La Lune Blanche, au Théâtre de l’Ephémère, place des Jacobins, au Mans. Durée : 2h10. Infos sur le site : www.theatre-ephemere.fr

 

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