Mercredi 18 décembre 2024 s’est tenue à l’Université du Mans une conférence intitulée « Transition énergétique : questions et perspectives », à l’occasion de la Journée Mondiale du Climat. Mise en place chaque 8 décembre depuis 2009, cette journée a pour but de sensibiliser aux urgences du réchauffement climatique.
C’est le chimiste Marc Fontecave qui a donné cette conférence. Le scientifique contredit de nombreuses idées reçues sur la production d’énergie en France et propose un panorama de la situation énergétique actuelle du pays. La première illusion qu’il dément est la perspective d’atteindre l’objectif Zéro carbone en 2025. Il propose plutôt de tendre vers la « défossilisation » : le but est de réduire, non le carbone, mais les énergies fossiles, dont la plupart des pays dépendent à 80 % (60 % pour la France).
« Nous sommes dans une phase où nous échouons sur ce qu’on appelle l’électrification des usages » (Marc Fontecave)
Les enjeux de la transition énergétique en France, pays déjà fortement électrifié, sont :
1) diminuer notre consommation d’énergie (éolien, hydraulique, solaire pour le renouvelable, nucléaire pour le non-renouvelable).
2) augmenter encore la part électrique de notre consommation d’énergie.
3) réduire la part d’énergie fossile en la remplaçant par des énergies non électriques (comme la biomasse, qui n’est cependant pas une source d’énergie idéale) et du carbone non fossile.
Pourtant, voilà cinq ans que la France consomme de moins en moins d’électricité. La réalité est bien loin des programmations et prend même une direction tout à fait opposée.
En novembre 2024 est paru le texte de la Loi de Programmation Pluriannuelle d’Énergie. Contrairement au programme précédent, il préconise la relance du nucléaire pour maintenir une production nucléaire importante. Cela nécessiterait toutefois de mettre en place une gestion efficace des ressources d’uranium pour avoir du nucléaire durable. Ce texte recommande également le développement du biogaz et des biocarburants, et le recours massif aux énergies renouvelables, qui ne sera possible qu’une fois résolu le problème de stockage de l’énergie.
L’hydrogène constituerait un carburant alternatif, mais cette solution n’est pas au point actuellement : les rendements sont trop faibles, les coûts sont trop élevés.
« On a vécu avec l’idée que l’électricité pouvait être 100 % renouvelable » (Marc Fontecave)
Il n’y a donc pas de solution facile pour cette transition énergétique pourtant nécessaire. Pour mettre en place un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables, il faut plusieurs conditions, qui ne sont pas réunies par la France à ce jour.
Texte et photos : Alex ALIX