Le livre-monde de Schopenhauer

Le monde comme volonté et comme représentation (1819 et 1844) est le chef d’œuvre d’Arthur Schopenhauer, philosophe controversé pour ses positions radicales et sa méthode non didactique. Ce livre-monde offre une pensée qui, si elle n’est guère ouverte à la discussion, demeure une véritable expérience philosophique.

Composé de quatre livres et d’une critique élaborée de Kant, puis augmentée de quatre suppléments au premier livre, Le monde de Schopenhauer, aujourd’hui édité chez Quadrige en un seul volume de 1500 pages, est un morceau copieux qui demande une certaine endurance.

Schopenhauer renoue avec une métaphysique parfois assez mystique

Alors même que les spécialistes peinent à trouver une place à Schopenhauer dans l’histoire de la philosophie, sa pensée est pourtant totalement inscrite dans un contexte philosophique, celui de l’hégémonie de la pensée hégélienne à laquelle il s’oppose en s’inscrivant en héritage de Platon et de Kant (qu’il rectifie néanmoins en de nombreux points).

Là où Hegel considère que la Raison est capable de tout saisir, que tout l’univers peut se réduire à son système, Schopenhauer renoue avec une métaphysique parfois assez mystique tant elle est empreinte de catholicisme et d’hindouisme.

Le monde est représentation, c’est-à-dire qu’il est perçu par des consciences, des intellects, et qu’il n’existe qu’en tant que ces représentations (et ici on retrouve la philosophie de Berkeley) ; mais Schopenhauer, en bon métaphysicien, distingue exister et être : ce que le monde est en soi, c’est la volonté. Et c’est là très certainement son concept central et pourtant problématique car jamais celle-ci ne pourra être clairement définie, bien qu’elle trouve son équivalent chez Spinoza et chez les bouddhistes : tout est volonté. C’est en quelque sorte l’énergie vitale de l’univers.

Schopenhauer décline sa pensée sur presque tous les objets de la philosophie

De ce concept phare, Schopenhauer décline sa pensée sur presque tous les objets de la philosophie : la liberté, les arts, en particulier la musique, les sciences (qu’il ne maîtrise pas)… en évitant néanmoins d’aborder la politique. Certes, dès qu’il s’attaque à des sujets concrets, sa pensée montre ses failles. C’est le reproche qu’on lui a fait de n’avoir aucun système, de ne faire que détruire.

Schopenhauer est pessimiste en ce que pour lui il n’y a pas de construction rationnelle possible ; en dernier lieu, la connaissance appartient à l’intuition, la liberté au néant, le vouloir-vivre à la mort.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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