Avec la parution début janvier 2020 de son livre Le consentement, Vanessa Springora a ébranlé le monde littéraire, et plus largement la société. En effet, l’auteure brise le silence en parlant de sa relation avec l’écrivain reconnu Gabriel Matzneff, alors qu’elle avait 14 ans et lui 50.
La relation entre Gabriel Matzneff et Vanessa Springora débute après un dîner, au cours duquel l’écrivain porte son attention sur elle. Elle se trouve tout de suite attirée par l’aura de l’auteur, et dès lors commence un processus d’emprise. Vanessa Springora décrit dans son livre comment s’est créée puis renforcée cette emprise, présentant Gabriel Matzneff comme un prédateur qui a utilisé sa vulnérabilité pour la placer sous son contrôle.
Ce qui est clairement de la pédophilie est défendu par Gabriel Matzneff comme une histoire d’amour. Celui-ci parle ouvertement de son « intérêt pour les moins de 16 ans » dans les journaux intimes qu’il publie, évoquant par exemple son recours au tourisme sexuel auprès d’enfants de 10 ans. Il s’exprime également à ce sujet sur les plateaux télé, l’exemple le plus frappant étant sans doute l’émission « Apostrophes » de 1990 (lien ci-dessous). Denise Bombardier est alors la seule à être choquée par les propos de l’écrivain, et l’accuse de pédophilie.
Une enquête pour viols sur mineur ouverte contre l’écrivain
Vanessa Springora dénonce non seulement les actes pédophiles de Gabriel Matzneff, mais également le fait qu’il ait pu en parler ouvertement. De plus, cela ne l’a pas empêché de recevoir des distinctions, dont le Prix Renaudot Essai en 2013, sans être inquiété par la justice. Depuis la sortie du livre de Vanessa Springora, une enquête pour viols sur mineurs a été ouverte.
Le Consentement remet donc au centre des préoccupations le problème de la pédophilie et relance l’éternel débat sur la distinction entre l’artiste et l’individu.
Célie CHAMOUX.
Le Consentement, Éditions Grasset, 2020.
Crédits photos : Grasset/Jacques Demarthon/AFP