La Peste, roman d’Albert Camus publié en 1947, prix Nobel de littérature en 1957, met en scène, dans les années 40, un médecin, Bernard Rieux, à Oran (Algérie), alors encore française. Ses habitants vont faire face à la colère de Dieu selon certains, à une anthropozoonose (une maladie commune aux humains et aux animaux) causée par le bacille Yersinia pestis selon d’autres.
Un rappel de l’Histoire récente
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, alors que la vie suit son cours à Oran, les rats envahissent la ville, sortent de leurs égouts pour venir échouer leurs cadavres dans les rues. Ces nuisibles ne peuvent être le signe que d’une seule chose : la peste est de retour et ses conséquences seront terribles. Albert Camus dessine ici un parallèle encore récent avec l’Allemagne nazie qui envahit la France et contrôla l’Algérie lors de la Seconde Guerre mondiale, puis emporta dans son échec des millions d’hommes. Entre les rats nazis et les médecins résistants, la guerre sera rude.
Un écrit engagé et un avertissement sur l’avenir
Le roman rappelle que la peste était déjà revenue à Paris en 1920 et qu’elle guette toujours. Mais derrière cette bactérie, se cache le mal à l’état pur : le nazisme. Camus dénonce les résistants de la dernière heure, ou pire, ceux qui collaborèrent avec l’impensable. Mais si l’impensable n’est plus visible, il n’est pas pour autant mort. Comme la peste dans le roman, le nazisme peut revenir à cause des hommes qui, selon l’auteur, ne retiennent pas les erreurs du passé. Et c’est sur cette mise en garde qu’il achève son œuvre : « cette foule en joie ignorait […] que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. »
Ce chef d’œuvre de Camus est à (re)lire pour découvrir l’auteur dont le récit fait malheureusement écho à l’actualité marquée par une recrudescence des actes antisémites.
Texte, illustration et photo : Julian ATZENHOFFER
La Peste, 1947, Albert Camus, publié aux éditions « Belin Gallimard » sous la collection « Classico lycée », 350 pages (avec dossier).