Kourou et l’espace, victoire et défaite

Le 13 décembre 2022, à 17h30 heure locale, l’un des derniers lancements d’une fusée Ariane 5 a été opérée. Tout s’est déroulé comme le prévoyait les techniciens du CSG, le Centre Spatial Guyanais basé à Kourou.

Une véritable boule de feu a fendu le ciel encore clair de la Guyane pour s’élever au-delà de l’atmosphère. À son bord, plusieurs satellites permettant l’amélioration des prévisions météorologiques. Pendant toute la durée de l’élévation, des hélicoptères faisaient la navette entre le CSG et la base guyanaise du CNES, le Centre National d’Études Spatiales, situé sur une colline près de Cayenne.

        

  • Les vols Ariane 5 sont sûrs, mais onéreux

Les vols Ariane 5 sont bien rodés. Cependant, ils coutent très chers. C’est pourquoi le CSG a également organisé le 21 décembre 2022, à 22h47 heure locale, le lancement d’un nouveau type de fusée : la Vega-C. Moins onéreuse, elle avait à son bord les satellites Pléiades Néo 5 et 6, qui devaient redonner à l’Europe une place dans la course spatiale. Malheureusement pour elle, la mission a été un fiasco. À peine deux minutes après son départ, la trajectoire de la fusée s’est aplatie : la Vega-C a dévié. Le CSG a dû la faire exploser en plein vol pour limiter l’impact dans l’océan. Comble de l’humiliation : depuis la plage de Kourou, nous avons pu assister au feu d’artifice de la base spatiale. Les festivités avaient été programmées par avance et ont éclaté alors que le speaker du CSG se confondait en excuse devant les invités venus voir la fusée décoller.

        

  • L’échec de la Vega-C ralentit l’Europe dans la course spatiale

Cet échec est un coup dur porté à l’aérospatial européen. Non seulement la mission avait son importance, mais cette issue retarde également les prochains lancements. Les premières Ariane 6, qui selon l’agenda initial du CSG devraient déjà avoir décollées, vont être repoussées jusqu’à la fin 2023. Elles partageaient plusieurs pièces avec la Vega-C défectueuse.

      

Dans un contexte de concurrence internationale autour de la conquête spatiale, et alors que des acteurs privés comme SpaceX et Blue Origin ne cessent de prospérer, la faillite de la Vega-C est autant un coup porté à l’Europe qu’à la recherche aérospatiale publique. Sans lanceurs Vega et n’ayant plus de lancement Soyouz, les Russes s’étant retirés de la base depuis le début de la guerre en Ukraine, le CSG ne peut plus compter que sur des Ariane 6 dont la mission ne cesse d’être retardée. Le centre spatial de Kourou est entré dans une mauvaise passe qui pourrait lui être fatale.

      

Texte et photos : Mathis POUPELIN.

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