Jeffrey Eugenides dépoussière le triangle amoureux

Dans son troisième livre paru en 2013 et intitulé Le roman du mariage, l’auteur de Virgin suicides réactive le classique triangle amoureux avec humour et efficacité. 

L’horrible couverture et l’intrigue tout droit sortie d’un roman à l’eau de rose pourront faire fuir plus d’un lecteur. Et pourtant, ce roman se lit avec beaucoup de plaisir. Le lecteur est plongé dans un campus de l’université américaine Brown dans les années 80. On suit le parcours de trois étudiants en littérature : la bonne élève Madeleine qui a pour bible les “fragments d’un discours amoureux” de Barthes, le flamboyant Leonard, et enfin, le passionné de théologie Mitchell. Courtisée par les deux garçons, Madeleine préférera le plus imprévisible et le moins terne : Leonard. Celle qui étudie les romans de Jane Austen se retrouve dans le même dilemme qui constitue le canevas de ses livres. Paradoxalement, celle qui souhaite déconstruire le sentiment amoureux grâce à la lecture de Barthes va finir encore plus romantique. 

Ce roman interroge l’illusion amoureuse qui se dissipe à l’épreuve du temps

Jeffrey Eugenides réussit à pallier au manque d’originalité de son ouvrage grâce à son humour quand il décrit les échecs sexuels des étudiants, le snobisme ridicule des professeurs à la parole inutilement ampoulée, ou encore, les parents envahissants de Madeleine. Il analyse finement la bipolarité de Léonard et la difficulté de vivre avec un maniaco dépressif. Le roman du mariage contient toutefois quelques longueurs, notamment l’épisode du voyage en Inde de Mitchell, inspiré de l’année sabbatique de l’auteur, qui épaissit artificiellement l’arc narratif de ce personnage. 

Il s’agit donc d’un roman plus complexe qu’à première vue qui interroge l’illusion amoureuse qui se dissipe à l’épreuve du temps.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU (texte et photo).
Crédit photo mise en avant : (Mel Evans/AP/SIPA)

 

Le roman du mariage, éditions Points (570 pages).

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