Jacques le fataliste monte sur scène

Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot a remis en question le roman en détournant ses codes et en jouant du pouvoir de l’auteur sur son récit, se faisant ainsi pionnier de la métafiction, à la suite de Don Quichotte et Tristram Shandy. L’écrivain Milan Kundera a produit une adaptation théâtrale de ce contre-roman du philosophe des Lumières.

Après une introduction où Kundera dévoile son amour pour Jacques le fataliste et où il considère que la révolution qu’a opéré cette œuvre n’a pas été suffisamment prise en compte par les romanciers qui l’ont suivis, notamment les réalistes du XIXème siècle, l’auteur de L’insoutenable légèreté de l’être propose une revisite libre quoique relativement fidèle au livre de Diderot.

Les récits enchâssés du roman se retrouvent par un système de scène sur la scène, où les histoires racontées par les protagonistes se jouent sous leurs yeux ; certains personnages jouent même à la fois et en même temps leur rôle de conteur et leur rôle de personnage qu’ils tiennent dans l’histoire qu’ils racontent. La multiplication des niveaux diégétiques mise en place sur la scène fait un bel écho à la réflexion métafictionnelle qui fait toute la saveur de Jacques le fataliste.

On y retrouvera le caractère fripon, joyeux et philosophe de Jacques, et celui, plus rustre et pourtant tendre de son maître, ainsi que le leitmotiv « c’est écrit là-haut », qui fait la satire du fatalisme en plus de servir d’amorce à la réflexion du texte sur lui-même, qui s’invoque et s’exhibe à travers son personnage.

Une pièce qui, sans être inoubliable, remplit ses objectifs et permet de donner un jour nouveau à un des grands romans de la littérature française.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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