Gaspard de la Nuit, l’œuvre du diable

Gaspard de la nuit (1842) est un recueil de poésie de Louis « Aloysius » Bertrand, passé totalement inaperçu à son époque, et qu’a révélé Baudelaire en le citant au début du Spleen de Paris : en effet, Bertrand est l’inventeur du poème en prose.

Le génie d’Aloysius Bertrand a été de briser ces frontières

Le poème en prose est resté pendant longtemps un oxymore : la littérature était divisée en deux catégories ; la prose, réservée au roman, et le vers, à la poésie. Le génie d’Aloysius Bertrand a été de briser ces frontières. En jouant sur la musicalité des mots et de la syntaxe, sur la mise en forme des paragraphes et sur toutes les variations possibles du langage en tant que matériau, Bertrand a réussi l’exploit de faire de la poésie en prose, et par là d’inspirer Baudelaire, mais aussi d’initier la révolution poétique qui abandonne peu à peu le vers et la métrique, des surréalistes à nos jours.

Gaspard de la nuit est une œuvre atypique également pour la légende qu’elle crée ; avant le recueil, le poète a inséré un texte expliquant que le manuscrit lui aurait été confié par un certain « Gaspard de la Nuit ». Souhaitant retrouver son propriétaire, Bertrand aurait demandé aux passants s’ils connaissaient l’homme : il finira par comprendre qu’il a eu affaire au diable en personne !

Un univers médiéval, fantastique et gothique

Les poèmes en eux-mêmes reflètent un univers médiéval, fantastique, gothique, qui répond aisément à cet imaginaire du diable et du mystère. Bertrand y ajoute aussi de nombreuses références et inspirations romantiques (il dédie notamment son œuvre à Hugo, ou encore, à Nodier, figures respectives du romantisme et du fantastique).

Le recueil, assez court, est suivi (en tout cas dans l’édition Gallimard collection Poésie), par des « Chroniques et Proses diverses ». Il existe aussi des illustrations de la main de Bertrand lui-même, facilement trouvables sur Internet, et qui ajoutent au charme de l’œuvre.

Une discrète mais grande figure de la littérature.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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